Un cultivateur fixe les pastèques.
Tôt dans la matinée du 11 juin, à Lijiaxiang, un village du canton de Panggezhuang, Li Zhenchao et sa femme accueillent le premier groupe de citadins invités à récolter les pastèques sous serre. « Beaucoup profitent de la fraîcheur du matin pour venir. De plus, en raison de la différence de température entre le jour et la nuit, les melons cueillis le matin sont évidemment plus sucrés que ceux cueillis à midi », explique Bi Ruiying, son épouse.
Panggezhuang est la principale zone de production de pastèques de Daxing, un arrondissement au sud de Beijing. La cour impériale de la dynastie des Qing (1644-1911) l’appelait gonggua (pastèque qui lui est versée en tribut) et ces pastèques granuleuses, sucrées et craquantes sont réputées dans la zone comprise entre Beijing et Tianjin.
Avec plus de 6 000 exploitants, une superficie de 25 000 mu (1 mu = 1/15 ha) de cultures, plus d’une centaine de variétés, une production annuelle de 100 000 tonnes et plus de 300 millions de yuans de revenus, Panggezhuang a la réputation d’être le « royaume de la pastèque » du pays. Face à l’épidémie de COVID-19, Panggezhuang a cependant dû se réinventer pour survivre.
Des ventes au-delà de toute attente
Chaque année pendant la fête du Printemps, les semis de pastèque de Panggezhuang sont replantés sous serre. En raison de l’épidémie de COVID-19 cette année, Mme Bi, cadre au comité des villageois, a cependant été mobilisée à temps plein, alors que son époux M. Li était de service à l’entrée du village huit heures par jour. « Comme nous étions tous deux occupés, nous avons raté le meilleur moment pour les semis. Nous l’avons fait 15 jours plus tard », a expliqué Mme Bi. D’habitude, ils plantent leurs semis dans cinq tentes, mais cette année, seules deux ont été utilisées.
La variété de pastèques de M. Li, comme celle de la plupart des villageois, est spéciale. Elles ont été commercialisées à la mi-mai et en raison de leur qualité, leur prix est légèrement plus élevé, mais elles sont plébiscitées par les consommateurs.
Mme Bi a noté que les exploitants du village font appel à des canaux de vente relativement stables. L’épidémie de cette année a perturbé les ventes, mais « grâce au commerce électronique, au cercle d’amis et de parents sur WeChat et aux canaux de vente d’origine », toute la production sous serre a été écoulée dans les temps. M. Li a remarqué pour sa part que le prix d’achat de la pastèque cette année est de 2,5 yuans le kilo, soit entre 15 et 20 % de moins que les années précédentes. « Au cours de ces dernières années, les pastèques rapportaient plus de 10 000 yuans en moyenne, mais cette année, il faudra compter sur environ 7 000 ou 8 000 yuans », a affirmé M. Li. Et de constater que les pastèques ont toutes été vendues. « Les exploitants ont été payés, ce qui va au-delà de leurs attentes. »
Des efforts de tous côtés
« L’épidémie de COVID-19 a frappé en plein pendant la période de culture des plants. De nombreux travailleurs qualifiés étaient rentrés chez eux pour le Nouvel An chinois et n’ont pas pu revenir. Si on laisse passer cette période en pépinière, les producteurs de pastèques n’auront aucun revenu », a précisé Zhao Yonghe, directeur du Centre de services agricoles intégrés de Panggezhuang. Durant cette période, les cadres du village et les chefs des coopératives de pastèques ont dû effectuer le travail de la prévention et de lutte contre l’épidémie tout en effectuant le travail dans les pépinières.
Juste après la fête du Printemps, Sun Jianyuan, responsable de la pépinière de pastèques de Dongyitang, a appelé le centre local de services agricoles, disant que les horticulteurs en charge de transplanter les pastèques ne pouvaient revenir à leur poste. Cela concernait plus d’un million de plants. Il fallait une aide gouvernementale d’urgence.
« On ne pouvait trouver que des horticulteurs locaux », a remarqué M. Zhao. En raison de l’augmentation des coûts de main-d’œuvre pendant cette période spéciale, les autorités ont accordé une subvention de 0,05 yuan par semis, ce qui a été apprécié. Les 14 pépinières du village ont ainsi résolu le problème de pénurie de main-d’œuvre à des degrés divers et fourni aux producteurs de pastèques un total de plus de 19 millions de plants dans les délais.
« C’est surtout en cette période que l’on doit fournir de meilleurs services », a estimé M. Zhao, expliquant que le Centre de services agricoles intégrés de Panggezhuang avait collecté du matériel de lutte contre l’épidémie et du matériel agricole pour chaque coopérative, coopéré avec des experts de l’arrondissement pour fournir un soutien technique aux exploitants et pris des initiatives pour les mettre en contact avec les acheteurs.
Le 6 juin, Wang Youguo, chef de l’arrondissement Daxing, s’est rendu dans une serre de Panggezhuang pour promouvoir la pastèque de Daxing en streaming. À l’heure actuelle, grâce aux efforts des autorités de l’arrondissement et au niveau local, la pastèque de Panggezhuang est disponible sur Alibaba, Hema Xiansheng, Original Life et d’autres plateformes de vente, et fait fi des effets néfastes de l’épidémie.
Les commandes en ligne sont emballées. Les ventes en ligne sont devenues un canal important pour les ventes de pastèques de Panggezhuang. (WEI YAO)
Des canaux de ventes diversifiés
À la mi-avril, les 118 mu de la coopérative de pastèques de Song Shaotang ont commencé à apparaître sur les étals. Mais en raison de l’épidémie, les pastèques mûres ne pouvaient pas s’écouler. « Cela nous a obligés à faire de la vente en ligne. Nous avons demandé à Wei Ya, une présentatrice célèbre, de faire du streaming pour nos produits. En moins d’une seconde, nous avons vendu un millier de cartons », s’est réjoui Song Shaotang, président de coopérative, soulignant qu’à présent, les producteurs faisaient eux-mêmes du streaming sur différentes plateformes. En une seule fois, ils peuvent recevoir environ un millier de commandes en tout.
Les trois générations de la famille de Song Shaotang sont passées du statut d’exploitants traditionnels à celui d’exploitants d’un nouveau genre. Song Baosen, le patriarche âgé de 84 ans, a grandi au milieu des pastèques à Panggezhuang et a produit des pastèques rarement vue. Surnommé le « Roi de la pastèque », il a remporté de nombreux concours depuis 1997.
« La génération de mon père allait vendre les pastèques au coin des rues, ou les mettait dans une carriole tirée par un cheval pour les vendre à la criée dans les rues. Ma génération a pris la voie du développement avec des coopératives professionnelles, des exploitations avancées, des pépinières et de nouvelles variétés à forte personnalité, de grande qualité et bien accueillies par le marché. La génération de mon fils connaît le développement fulgurant du commerce électronique et deviennent des exploitants d’un nouveau genre », a expliqué Song Shaotang, ajoutant que son fils de 34 ans, Song Zhijia, vend sur les plateformes d’e-commerce comme JD.com et Tmall. « C’est la tendance générale. À l’heure actuelle, environ 30 % des pastèques de Panggezhuang se vendent en ligne. »
Song Shaotang a précisé que dans certains villages de Panggezhuang, beaucoup d’exploitants utilisent Kuaishou, Douyin et d’autres plateformes pour faire du streaming, ce qui permet de diversifier les canaux de vente. « L’épidémie a donné naissance à de nouveaux modèles de vente. Les canaux traditionnels de vente étant bloqués, nous nous sommes portés vers des plateformes d’e-commerce et avons exploré les ventes en ligne, qui ont augmenté de 200 % par rapport à la même période de l’an dernier. » Et pour s’assurer que les pastèques arrivent en bon état dans les trajets de longue distance, une couche de papier bulle tapisse les cartons pour garantir que le taux de casse ne dépasse pas 1/1 000.
*GUAN XIAOPU est journaliste pour ccdi.gov.cn.
