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La Chine prône l’équilibre mondial

2020-03-10 13:06:00 Source:La Chine au présent Auteur:JEAN-PIERRE RAFFARIN
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    Ayant lu attentivement le livre du président Xi Jinping La gouvernance de la Chine, trois commentaires principaux me viennent à l’esprit.

    Premièrement, la Chine est un pays prévisible. Dans un monde dangereux l’imprévisibilité des acteurs est un grand facteur de risques. Le tweet ne peut pas remplacer la réflexion profonde. « Un bon ami est un ami prévisible », dit-on en Chine, et c’est vrai aussi des relations internationales et la prédictibilité est donc un facteur de paix. Les grands discours du président Xi – notamment à Davos, au Forum de Bo’ao, et à la première édition de la CIIE à Shanghai – fixent clairement les engagements que prend la Chine devant la communauté internationale. Aucun pays n’a une telle conscience du long terme, comme le prouvent les objectifs des « deux centenaires ». Aucun gouvernement, excepté la Chine, ne fixe l’année 2049 comme horizon de son action !

    Deuxièmement, la Chine est « une force qui avance et qui sait où elle va ». La pensée exprimée dans La gouvernance de la Chine est très structurée. Elle se fonde d’abord sur une vision : la communauté de destin de l’humanité. Ici l’objectif est plus grand que la Chine elle-même. Il s’agit de développer la conscience de notre maison commune, la planète. Cette perspective a conduit la Chine à être un acteur déterminant de l’Accord de Paris sur le changement climatique. La vision de l’initiative « la Ceinture et la Route » aussi : ce grand chantier est évidemment bon pour la Chine – pour l’utilisation de ses surcapacités de production, pour l’internationalisation de sa monnaie et pour ses bonnes relations de voisinage – mais il vise aussi à proposer la coopération comme règle internationale. La coopération plutôt que les tensions. Pour réussir ce projet, il faut une forte organisation chinoise, que l’on appelle « le socialisme à la chinoise ». Tous ceux qui prévoyaient que la Chine évoluerait « à l’occidentale » se sont trompés. Le modèle est différent de l’Occident et le restera. Enfin pour mettre en œuvre ce programme, il faut développer une diplomatie ouverte, favorisant le multilatéralisme et s’opposant à l’unilatéralisme et au retour du protectionnisme.

    Troisièmement, la Chine est un pays d’avenir. La lecture du livre du président Xi doit convaincre les lecteurs que la Chine fait du futur une priorité. J’ai été surpris de la fréquence du mot « innovation ». C’est un choix majeur. La Chine croit au progrès et investit dans l’innovation pour traiter les problèmes qui ne sont pas aujourd’hui résolus. Les chercheurs sont massivement encouragés. L’intelligence artificielle est déjà en Chine un sujet du présent. Les technologies, notamment dans la connectivité, cherchent l’excellence en Chine. C’est sans doute l’un des sujets qui est la principale source de nervosité des Américains. La stratégie de guerre commerciale et technologique est la riposte du numéro 1 qui craint l’arrivée du numéro 2. En fait cette politique fragilise la croissance mondiale et ne dégage donc aucun vainqueur. La réponse du président Xi devrait faire réfléchir : « La Chine est un océan. Les tempêtes détruisent les étangs, elles ne peuvent détruire les océans. »

    En conclusion je trouve cette démarche qui consiste à écrire noir sur blanc les souhaits de la Chine est une pédagogie nécessaire dans le monde. Les cérémonies du 70e anniversaire de la République populaire de Chine ont suscité beaucoup de fierté au sein de la population, et les résultats obtenus en 70 ans sont évidemment spectaculaires. Mais à l’étranger ce retour de la Chine aux premiers rangs des nations mondiales inquiète quelque peu. La puissance chinoise inquiète d’autant plus ceux qui ne connaissent pas la Chine. Il n’est pas rare de voir en Occident des chefs d’État qui ont attendu d’être leader dans leur pays avant de visiter la Chine. Ainsi l’histoire de l’ancienne Cathay est peu connue, par exemple l’histoire pacifique du pays n’est pas suffisamment étudiée en Occident. C’est pourquoi le président Xi a raison de stimuler les autorités chinoises pour qu’elles s’emploient à rassurer les partenaires. La Chine doit être rassurante : ce message chinois nous montre bien que son dirigeant est à l’écoute du monde. L’idée centrale devient alors celle de la coopération, elle est au cœur de l’initiative « la Ceinture et la Route ». Elle est également au cœur de la CIIE, dont la seconde édition s’est déroulée en novembre 2019 à Shanghai. La France est heureuse d’être un invité d’honneur à ce grand rendez-vous du commerce mondial.

    Dans son livre, le président Xi cite de nombreux écrivains français comme Rousseau, Montesquieu, Hugo. Ce qui rapproche aussi nos deux pays en lisant le livre du président chinois, c’est que malgré les progrès réalisés, il reste beaucoup de travail à accomplir. La réforme reste une nécessité pour faire face à l’avenir. Chaque pays doit tirer la leçon de Deng Xiaoping : chaque pays doit travailler aux réformes et à l’ouverture. Les réformes ne sont pas nécessairement les mêmes dans chaque pays, mais chaque nation doit s’adapter aux temps nouveaux. En injectant de la modernité dans le message de Deng Xiaoping, le président Xi s’adresse au peuple chinois, mais de manière plus générale, il s’agit de prôner l’équilibre mondial.

 

⃰JEAN-PIERRE RAFFARIN est lauréat de la Médaille de l’amitié de la Chine, ancien premier ministre français et représentant spécial du gouvernement français pour la Chine.

 

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