Accueil>Reportage spécial

Travailler comme un paysan moderne

2019-10-10 16:00:00 Source:La Chine au présent Auteur:MA LI
【Fermer】 【Imprimer】 GrandMoyenPetit
法语词典

 

À l’approche de l’automne, la province du Hebei est encore verdoyante. Dans le village de Xiazhuang, dans le district de Laishui, plus d’un millier de mu (1 ha = 15 mu) de maïs arrive à maturité.

 

Mais cette année, après plusieurs jours de forte chaleur, une partie du maïs de Zhang Lilong a été envahie par des pyrales, une espèce de chenilles nuisibles. En début de matinée, elle s’est donc rendue sur le champ de maïs pour discuter avec les ouvriers agricoles de l’utilisation de drones pour pulvériser un insecticide.

 

Zhang Lilong, 37 ans, est responsable de la coopérative de production de blé de Lilong dans le district de Laishui qu’elle a créée en 2013. En six ans, la coopérative s’est largement développée et elle jouit maintenant d’une grande réputation dans le district.

 

Un rêve de petite fille

 

Zhang Lilong est née à la campagne. Ses parents ont toujours travaillé dur et cela l’a profondément marquée. « Au moment de la récolte du blé, mes parents passaient la journée entière au champ et moissonnaient à la faucille sous un soleil brûlant. Pire encore, quand il pleuvait, mes parents, très soucieux pour la récolte, travaillaient souvent jours et nuits pour terminer plus vite. »

 

À l’école, Zhang Lilong a entendu parler de la « modernisation agricole ». Elle s’est mise à rêver de voir son village se moderniser. Les adultes pourraient enfin mener une vie moins pénible. Après le lycée, Zhang Lilong, comme beaucoup d’autres jeunes du village, a trouvé un travail en ville, mais très vite, elle a réalisé qu’elle ne souhaitait pas travailler pour les autres. Elle est retournée dans son village et a ouvert un magasin de graines et d’engrais chimiques. Elle a commencé à s’intéresser de près aux politiques nationales en matière d’agriculture.

 

En 2012, elle a entendu à la radio que l’État encourageait l’établissement de coopératives agricoles et le développement de cultures de grande envergure, une nouvelle qui l’a beaucoup inspirée. « Dans mon village, on pratiquait une agriculture encore très traditionnelle et les récoltes étaient souvent insignifiantes. La plupart des jeunes choisissaient donc d’aller travailler en ville. Au village, il ne restait presque que des personnes âgées et les sols inféconds étaient abandonnés », a expliqué Zhang Lilong.

 

Elle a donc eu l’idée de louer les terres abandonnées pour y développer des cultures de grande envergure.

 

Une entreprise difficile

 

En 2013, Zhang Lilong a loué 106 mu de terres à 1 000 yuans le mu, et elle a fondé sa propre entreprise, aidée par des experts agricoles.

 

Malheureusement, une forte grêle a endommagé ses cultures de maïs, causant des pertes à hauteur de plus de 100 000 yuans. Sa famille a alors espéré qu’elle abandonnerait son projet de coopérative, mais Zhang Lilong, encouragée par les mesures de l’État, a choisi de poursuivre son rêve, persuadée que l’agriculture moderne serait un jour florissante.

 

Quelques jours après la fête du printemps de l’année 2014, Zhang Lilong a pris une décision qui a laissé tous les villageois perplexes : elle a emprunté 370 000 yuans à la banque en hypothéquant sa maison afin de louer 400 mu de terres supplémentaires. L’année suivante, Zhang Lilong a consacré toute son énergie à la culture de ces terres. Le Ciel vient en aide aux travailleurs. À la fin de l’année, elle a touché 200 000 yuans, et depuis, elle n’a plus jamais connu de pertes.

 

Si Zhang Lilong arrive à vivre de l’agriculture, elle considère que cela demeure un travail particulièrement difficile, même si le secteur a été modernisé.

 

En 2015, Zhang Lilong a cultivé 40 mu de maïs. Lorsqu’est venu le moment de la récolte, de fortes pluies se sont mises à tomber. Il a donc fallu récolter le maïs sous la pluie. Même avec leurs imperméables et leurs bottes en caoutchouc, les travailleurs étaient trempés jusqu’aux os.

 

Si Zhang Lilong a décidé de fonder une coopérative et d’embrasser la modernisation agricole, c’est parce qu’elle voulait libérer les paysans de la pénibilité de leur travail. « Pour moi, la modernisation agricole n’est pas juste un concept, c’est un rêve que je poursuis depuis l’enfance. »
 

 

Les bénéfices des technologies agricoles

 

Zhang Lilong est la plus jeune responsable de coopérative agricole dans son village, et elle est aussi la seule femme. Pourtant, elle dirige la plus grande coopérative et c’est elle qui fait le plus de bénéfices.

 

Après avoir travaillé six ans dans ce secteur, Zhang Lilong avait acquis de solides connaissances en matière de culture du maïs et du blé. Cependant, elle n’était pas satisfaite. Pour accélérer la modernisation de sa coopérative, elle a investi plus de 10 000 yuans dans un système d’arrosage par aspersion, ce qui, en 2014, représentait une très grosse somme d’argent.

 

Elle explique qu’avec l’ancienne technique d’arrosage, l’eau ne pouvait atteindre les petites digues entre deux champs qui étaient par conséquent impropres à la culture. Au contraire, l’arrosage par aspersion permet de couvrir l’ensemble des surfaces, ce qui permet à Zhang Lilong d’exploiter ses terres au maximum. Ce système lui permet également de faire des économies d’eau et d’argent. Les frais d’électricité s’élèvent à 15 yuans par mu, contre 25 à 35 yuans par mu avec l’ancien système. Ainsi, les économies réalisées ont permis d’amortir le coût du nouveau système en seulement une année.

 

Au cours des années suivantes, Zhang Lilong a acheté deux drones, cinq rotavators, cinq désintégrateurs, cinq semoirs et cinq moissonneuses. Grâce à ces machines, elle réalise 300 yuans d’économie par mu, soit 300 000 yuans pour 1 000 mu.

 

La production à grande échelle et la mécanisation ont diminué la pénibilité du travail des agriculteurs de la coopérative de Zhang Lilong. Actuellement, elle a quatre employés permanents qui gagnent en moyenne 26 000 yuans par an, et 30 employés saisonniers qui gagnent environ 10 000 yuans par an. « Aujourd’hui, le travail agricole est beaucoup plus facile qu’avant. J’ai 70 ans, mais grâce aux machines, je peux semer et récolter moi-même », a raconté Zheng Jinjiang. Il a loué ses terres à Zhang Lilong et il travaille pour sa coopérative. Il gagne environ 30 000 yuans par an, un salaire largement supérieur à ce qu’il gagnait avant.

 

Douze autres familles pauvres ont loué leurs terres à Zhang Lilong et 23 membres de ces familles travaillent pour la coopérative de Zhang Lilong, ce qui représente une source de revenus stable supplémentaire. Grâce à ce revenu annuel de plus de 24 000 yuans, ces familles sont sorties de la pauvreté. En 2019, Zhang Lilong louait une surface totale de 1 100 mu de terres.

 

Rendre ses lettres de noblesse à l’agriculture
 
« L’agriculture est le secteur qui offre les plus belles perspectives. Le maïs sera vendu à partir du 15 octobre, puis viendront les semailles du blé. Cette année, j’envisage d’essayer de semer 100 mu de blé noir riche en sélénium. Si cela fonctionne, j’agrandirai la superficie dédiée l’année prochaine », explique Zhang Lilong, qui envisage de construire un moulin industriel. Elle disposerait alors d’une chaîne de production complète, de la culture à la vente, en passant par la transformation. Zhang Lilong a par ailleurs déposé sa marque de farine de blé noir riche en sélénium et, pour faire pleinement usage de la paille de maïs, elle prévoit de débuter un élevage d’autruches au printemps prochain : « Cet automne, les ouvriers récupèreront la paille pour préparer la nourriture des autruches en avance. De plus, le guano peut servir de fertilisant. Il s’agit d’une passerelle intéressante entre culture et élevage. » Une conception qui lui a déjà permis d’obtenir un prêt de 600 000 yuans pour louer 10 mu de terres, et mettre en œuvre son projet d’élevage en achetant les autruches.

 

Ces dernières années, les coopératives ont connu en Chine un développement très rapide et leur forme d’organisation s’enrichit. Selon les statistiques, le nombre de coopératives agricoles s’élevait à 1,8 million à la fin 2016. Elles regroupaient 44,4 % des paysans chinois, permettant une accélération considérable du développement agricole du pays.

 

Au cours du premier semestre de l’année, la coopérative de Zhang Lilong a enregistré des rendements en blé de 575 kg par mu. Pour le second semestre, sa production totale de maïs s’élèvera à 110-120 tonnes, et engendrera au moins 500 000 yuans de bénéfices. « La coopérative est une tendance importante du développement agricole. L’État nous accorde de plus en plus de soutien, et j’espère que nos efforts seront reconnus », conclut finalement Zhang Lilong.

 

Partager:

Copyright © 1998 - 2016

今日中国杂志版权所有 | 京ICP备10041721号-4

京ICP备10041721号-4