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Des obstacles demeurent sur le chemin vers l’écologie…

2019-07-03 10:57:00 Source:La Chine au présent Auteur:WU XIAOYANG et YAO BING
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Mu Qiuyun, chef de l’équipe de protection et de gestion des ressources forestières au village de Bapo, patrouille dans la forêt.
 
 
 
WU XIAOYANG et YAO BING*

 

Cultivateur de maïs comme l’était avant lui son père, Chen Yongqun a amorcé cette année un tournant dans sa carrière, puisqu’il a décidé de planter du kudzu à la place du maïs. Il espère ainsi ne plus être victime des dégâts commis par les ours noirs d’Asie et les singes, qui viennent « voler » dans ses champs. « Le kudzu est une racine qui pousse dans le sol, donc les animaux sauvages ne pourront pas venir en manger », précise-t-il.

 

Chen Yongqun, 39 ans, réside dans le village de Dizhengdang, situé dans le canton de Dulongjiang du district de Gongshan (province du Yunnan). Ce lieu bénéficie d’un environnement naturel favorable, avec des vallées surplombées par des forêts vierges à la végétation luxuriante. Cependant, quelques obstacles demeurent sur le chemin vers l’écologie : les animaux sauvages sont tellement nombreux qu’ils deviennent source de ravages.

 

Partant de cette observation, Chen Yongqun s’est senti contraint de rivaliser de rure avec les animaux sauvages tels que les ours noirs et les singes. Mais dans cette « course à la nourriture », les animaux sauvages ont « l’avantage de l’initiative », puisqu’ils vont et viennent librement, sans que l’on puisse les en empêcher.

 

« Auparavant, nous semions du sarrasin de Tartarie à flanc de coteau et du maïs au bord de la rivière. Mais lorsque ces céréales arrivaient à maturité, les ours noirs et les singes étaient les premiers à se servir », se rappelle Chen Yongqun. Finalement, il ne restait plus grand-chose à récolter, tout juste assez pour nourrir une famille pendant trois ou quatre mois. Et une fois ces réserves épuisées, les habitants s’aventuraient dans les montagnes à la recherche d’herbes sauvages comestibles afin d’assouvir leur faim.

 

À l’époque où il fréquentait l’école primaire, chaque fois pendant les vacances d’été, Chen Yongqun avait pour mission d’aller dans la montagne monter la garde à côté des champs de sarrasin, afin d’empêcher les animaux sauvages de marauder. Il restait là-haut toute la journée et ne prenaient que quelques pommes de terre pour provision. Dans la zone de plantations se trouvait une petite hutte rudimentaire, où il passait parfois la nuit. Dès qu’il percevait un mouvement suspect, il se levait aussitôt et tapait sur une sorte de gong pour repousser la bête.

 

Au début du XXIe siècle, le canton de Dulongjiang a dit adieu à la culture sur brûlis pour mettre en œuvre une politique de reconversion des terres cultivées en forêt. Ainsi, les agriculteurs ont laissé en friche les parcelles présentant une pente de plus de 25 degrés pour qu’elles reviennent progressivement à l’état de forêts. La population locale a conservé une partie des terres cultivées à proximité du village pour continuer d’y planter du maïs et d’autres variétés de céréales, mais malheureusement, elles sont continuellement « pillées » par les ours noirs et les singes.

 

« En plus du maïs, les ours dévorent des cochons, des vaches, des moutons et du miel », se plaint Chen Yongqun.
 
 

 

Dans le canton de Dulongjiang, l’ethnie derung a sa propre façon de produire du miel. Les apiculteurs scient un tronc pour obtenir un rondin de 50-60 cm de long, avant de le vider. Ils percent ensuite dans la paroi une brèche. Puis, ils recouvrent le tout avec un couvercle et laisse cette installation au beau milieu de la nature, en attendant que les abeilles du coin viennent y trouver refuge, ce qui a lieu dans 30 % des cas environ. Il est difficile de faire en sorte que les abeilles adoptent ce rondin comme leur ruche, mais de surcroît, si le miel n’est pas récolté à temps, l’ours noir d’Asie sera le premier arrivé et le premier servi. Il faut savoir que le miel est son péché mignon.

 

De nos jours à Dulongjiang, des mesures efficaces pour la protection de l’environnement naturel sont appliquées. Néanmoins, étant donné que la population locale ne chasse plus depuis longtemps et que la forêt se densifie, les ours noirs prolifèrent. Ceux-ci peinant de plus en plus à trouver des proies dans la forêt, ils vont chercher leur nourriture dans les villages, occasionnant des dégâts matériels et des blessures corporelles toujours plus nombreux.

 

D’après Ken Linli, agent du poste forestier de Dulongjiang, en 2016, plus de 300 incidents causés par des animaux sauvages ont été déclarés à l’échelle du canton, et ce chiffre a grimpé à 460 incidents en 2018. Dans 90 % des cas, les fauteurs de troubles ne sont autres que les ours noirs.

 

Afin de réparer les préjudices subis par la population, l’Office des forêts de la province du Yunnan a souscrit une assurance couvrant les dommages causés par les animaux sauvages, protégés par les lois nationales, et indemnise les habitants lorsqu’un certain nombre de critères sont remplis. Toujours selon Ken Linli, au cours des trois premiers trimestres de 2018, la compagnie d’assurance aurait versé plus de 460 000 yuans d’indemnités aux sinistrés du canton de Dulongjiang.

 

« L’année dernière, ma mère a perdu un cochon de plus de 50 kg dans son cheptel, après que celui-ci a été dévoré par un ours noir. Suite à cet épisode, elle a reçu 2 000 yuans en compensation », confie Chen Yongqun. En plus de souscrire une assurance, le gouvernement local s’efforce autant que possible d’aider la population à ajuster la structure de plantation agricole. Par exemple, il encourage et soutient les habitants à cultiver d’autres variétés, comme la morille et le kudzu, afin de réduire le nombre d’incidents provoqués par les animaux sauvages.

 

*WU XIAOYANG et YAO BING sont journalistes de l’agence de presse Xinhua.

 

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