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Le dialogue des civilisations asiatiques promeut la compréhension interculturelle

2019-05-31 16:13:00 Source:La Chine au présent Auteur:VERENA MENZEL
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Le Centre national des congrès (YU JIE)

 

 
VERENA MENZEL, membre de la rédaction

 

Voici un événement qui mérite bien des superlatifs. Du 15 au 22 mai a eu lieu à Beijing la Conférence sur le dialogue des civilisations asiatiques (CDAC). Les chefs d’État ou de gouvernement du Cambodge, de la Grèce, de Singapour, du Sri Lanka et de l’Arménie, d’autres dirigeants politiques, des représentants d’organisations internationales comme l’Unesco ainsi que des experts et des scientifiques issus de milieux universitaires, de think tanks, de la presse, des associations de jeunes, des organisations littéraires, artistiques, médiatiques, cinématographiques du monde entier ont pris part à cet événement. Au programme, plus de 110 sessions thématiques au cours desquelles les participants ont pu échanger sur des thèmes aussi variés que le développement ou la coopération des civilisations asiatiques.

 

De nombreux représentants européens ont également pris part à la plate-forme de dialogue sur le thème de l’Asie. Parmi eux, George Tzogopoulos, directeur des programmes internationaux en relation avec la Chine du Centre international de formation européenne. Selon lui, le message que la Chine souhaite lancer à travers l’organisation de cette conférence est en réalité un message international qui dépasse le seul cadre de l’Asie. Et c’est la raison pour laquelle il a décidé de venir à Beijing et de participer à ce grand événement.

 

La théorie du « choc des civilisations » est un sujet qui préoccupe particulièrement les Occidentaux depuis longtemps. « Le fait que cette théorie est aujourd’hui dépassée a été un des éléments essentiels du discours d’ouverture énoncé par le président chinois Xi Jinping. En organisant cette manifestation, la Chine contribue à une plus grande coopération entre les civilisations, et pas seulement entre les civilisations asiatiques, mais aussi avec d’autres régions du monde, y compris l’Occident », affirme le spécialiste de l’Asie.

 

Tzogopoulos lui-même ne croit pas du tout que la rencontre entre des cultures différentes soit inévitablement source de conflits. « Je pense que le choc des cultures peut être évité. Pour cela, nous devons chercher à renforcer le dialogue et aspirer à plus de compréhension entre les peuples. »

 

Enfin, selon Tzogopoulos, la conférence à Beijing a aussi le potentiel d’améliorer l’image de la Chine en Grèce et en Europe où l’engagement économique des entreprises chinoises a pu provoquer dans le passé des critiques et des réactions négatives.

 

À ce sujet, le Grec déclare : « Dans le cadre d’un effort de soutien, la Chine apporte son aide aux entreprises grecques qui se privatisent, ce qui est très important pour notre pays. L’engagement de certaines entreprises publiques chinoises, comme dans le port du Pirée, est très important pour l’économie grecque et je pense que dans un monde globalisé, les entreprises de différents pays peuvent s’associer. À mon avis, le dialogue des civilisations asiatiques qui se déroule ici à Beijing contribue aussi à améliorer l’image de la Chine en Grèce, ce qui me semble très positif. »

 

La culture peut en outre devenir une passerelle essentielle de communication entre les peuples. « Lorsque les hommes et les dirigeants politiques abordent le sujet de la culture, ils peuvent ensuite plus facilement évoquer d’autres thèmes, y compris le commerce et l’économie », affirme Tzogopoulos.
 
Le 15 mai, le sous-forum « Défendre la diversité des civilisations asiatiques » a lieu en marge de la Conférence sur le dialogue des civilisations asiatiques.

 

Alistair Michie, secrétaire général du British East Asia Council, souligne lui aussi l’importance de renforcer le dialogue afin d’établir une meilleure compréhension et de parvenir ensemble à de meilleurs résultats.

 

« L’Asie représente 60 % de la population mondiale, contre seulement 4 % pour les États-Unis et moins de 10 % pour l’Europe. Pourtant, sur les plans culturel et médiatique, les États-Unis et l’Europe sont encore largement dominants. Et selon moi, c’est un gros problème car les Occidentaux n’ont souvent pas la moindre idée de ce qui se passe réellement ici, en Asie », déclare Alistair Michie.

 

Malgré le renforcement croissant du réseau médiatique à travers le monde, la montée en puissance de l’Asie continue de passer inaperçue en Occident. « Le développement auquel on assiste ici est à peine perçu en Europe et en Amérique, et encore moins dans mon pays, le Royaume-Uni », explique Michie. La Chine et l’Asie sont encore considérées comme des champs d’étude et sont quasiment absentes des programmes scolaires britanniques. Et cela signifie malheureusement que les jeunes britanniques ne sont pas attirés par des études universitaires en lien avec l’Asie ou la Chine.

 

« Je crois que nous oublions, en Europe et en Amérique, à quel point ces 150 dernières années pendant lesquelles nous avons dirigé le monde, représentent en fait une période très courte », déclare le Britannique. « Depuis 2 000 ans, l’Asie a apporté d’énormes contributions au progrès de l’humanité. L’Inde, par exemple, est très tôt devenue une civilisation brillante et très développée. Et le monde doit à la Chine, comme nous le savons tous, beaucoup de découvertes. Quelques historiens vont même jusqu’à affirmer que la Chine, au regard des réalisations humaines de ces deux derniers millénaires, a dirigé le monde pendant 1 800 ans. Je pense que c’est quelque chose que nous devrions toujours garder à l’esprit. » Selon Michie, l’une des raisons qui expliquent que nous n’ayons pas conscience de ces liens historiques et des nouvelles avancées réalisées en Asie, c’est que jusqu’à maintenant, les pays asiatiques ne sont pas encore parvenus à se valoriser face aux Occidentaux. « L’Asie doit se montrer beaucoup plus fine et innovante si elle veut faire comprendre ses histoires aux Européens et aux Américains », explique le Britannique.

 

C’est justement ce à quoi s’attache le journaliste britannique Patrick O’Donnell. Lui aussi est venu à Beijing spécialement pour l’événement. D’habitude, il transmet les informations sur la Chine et le monde depuis l’antenne londonienne de China Global Television Network (CGTN).

 

Il raconte : « La Chine souffre de son image dans les médias occidentaux. À CGTN, nous souhaitons apporter un autre point de vue que le point de vue traditionnel des médias occidentaux. J’ai moi-même longtemps travaillé pour des médias occidentaux traditionnels, et je suis très content de pouvoir aujourd’hui présenter les choses sous une autre perspective. » Au sujet de son reportage, O’Donnell confie : « J’essaie de choisir des histoires dont on n’a pas encore suffisamment parlé, ou bien j’essaie d’aborder des histoires dont on a déjà parlé à travers un point de vue différent. »
 
Le 13 mai, une exposition intitulée La Splendeur de l’Asie : Exposition des civilisations asiatiques au Musée national de Chine

 

En tout cas, le journaliste insiste sur le fait que la tentative d’adapter son propre système culturel aux autres pays ne permet pas de résoudre les problèmes. « Nous ne devrions pas essayer de tout faire pareil ou bien de nous occidentaliser. Il vaudrait mieux essayer de comprendre les différences entre les hommes, travailler sur celles-ci pour parvenir enfin à trouver une harmonie. »

 

Selon lui, la Conférence sur le dialogue des civilisations asiatiques à Beijing peut aussi apporter de précieuses contributions aux sphères culturelles occidentales. « L’Occident compte de nombreuses civilisations, qui certes, ne sont peut-être pas aussi anciennes que la Chine, mais qui sont très différentes. Même entre les nations occidentales, une meilleure compréhension serait nécessaire. Et la clé, c’est d’établir un dialogue constructif, comme ici à Beijing. »

 

Pour le sinologue et philosophe allemand Dr. Ole Doering, cofondateur du think tank Institute for Global Health à Berlin, la volonté de se réunir pour établir un dialogue reste le fondement de toute forme de compréhension interculturelle. « Que les hommes discutent ensemble plutôt que de se battre, qu’ils essaient de se comprendre mutuellement, est la condition sine qua non. Il s’agit toujours d’un processus, mais nous devons d’abord nous respecter les uns les autres avant de pouvoir apprendre à nous connaître. Et une fois que l’on se connaît mieux, nous comprenons ce dont nous avons besoin et comment nous pouvons travailler ensemble. Ensuite, le reste vient naturellement », affirme le chercheur.

 

Pour l’heure, le monde a une chance énorme : « Nous avons aujourd'hui la possibilité de faire quelque chose que nous n'avons pas fait au cours des 200 dernières années, à savoir de pouvoir faire connaître notre civilisation aux autres et de pouvoir leur faire comprendre notre système de référence et nos expériences afin qu'ils sachent d'où nous venons et qui nous sommes, et de nous demander en même temps qui est notre interlocuteur. »

 

« Et la dernière fois que de telles conditions préalables à une véritable compréhension culturelle entre la Chine et l’Europe ont été réunies remonte à la période qui a suivi le voyage du jésuite italien Matteo Ricci en Chine au XVIe siècle », explique le sinologue allemand.

 

« Avec son collègue chinois Xu Guangqi, Ricci a développé la théorie de l’accommodation qui part du principe que tous les êtres humains, en tant qu’êtres doués de raison, possèdent une base commune qui, en principe, rend la compréhension possible. Il faut simplement se donner le temps de s’habituer à l’autre. » Que chaque culture s’organise à sa façon et observe des rites qui lui sont propres ou repose sur des structures formelles très différentes n’est en rien incompatible avec la compréhension mutuelle.

 

« Avant la grande rupture provoquée par les guerres de l’Opium au XIXe siècle, nous avions la possibilité d’apprendre à nous connaître. Mais à cette époque-là, nous n’avons pas saisi cette opportunité. Aujourd’hui, pour la toute première fois, cette possibilité s’offre de nouveau à nous. J’espère que cette fois-ci, nous ne passerons pas à côté », confie Doering.

 

Mais pour cela, un changement de mentalité est nécessaire en Occident, souligne-t-il : « Pour beaucoup d’Européens, le gagnant-gagnant fonctionne uniquement dans le cadre de leur propre zone de confort, c’est-à-dire le monde transatlantique qui correspond au bloc ouest de la Guerre Froide, un cadre qui, évidemment, n’existe plus depuis longtemps. » Cela montre que l’Europe continue de penser comme au XIXe siècle. « Aux États-Unis, c’est même la mentalité du XVIIIe siècle qui continue de dominer. Les Chinois, en revanche, ont déjà adopté la façon de penser du XXIe siècle et ne cessent de découvrir de nouvelles voies de développement », explique le sinologue allemand.

 

Doering espère que la partie européenne prendra plus d’engagements, en particulier dans le cadre de l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route ». « L’Europe ne doit pas contempler passivement la construction de “ la Ceinture et la Route ”, ou encore la critiquer. Au contraire, nous devons voir cette initiative comme un grand projet de la mondialisation et y contribuer activement », affirme-t-il.

 

Et là aussi, la conférence de Beijing peut selon lui apporter un nouvel élan. « Dans son discours inaugural à la cérémonie d’ouverture, Xi Jinping a trouvé les mots justes pour inciter tout le monde à concevoir l’initiative “ la Ceinture et la Route ” comme une approche constructive permettant de rapprocher les êtres humains. À cet égard, la Conférence sur le dialogue des civilisations asiatiques est un bon point de départ pour que les choses bougent encore plus à l’avenir », affirme Doering.

 

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