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Zhang Chenggang : une nouvelle ère de l’innovation

2019-01-31 15:45:00 Source:La Chine au présent Auteur:LI XIAYUN
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Zhang Chenggang (au centre) prodigue ses conseils.
 
LI XIAYUN

 

Ces dernières années, l’indexation des traités scientifiques chinois dans l’indice de citation SCI (Science Citation Index) a connu une croissance exponentielle. Selon les données, pour 2017, plus de 330 000 traités répertoriés dans le SCI émanaient de chercheurs chinois, ce qui place la Chine à la deuxième place du monde à cet égard pour la 13e année consécutive. Ce bon score témoigne des grands progrès et nombreuses percées accomplis par le pays dans la recherche scientifique. Dans le même temps, ces statistiques reflètent l’intérêt profond que portent les chercheurs chinois à l’indice SCI.

 

10 traités ajoutés au SCI en un an

 

Zhang Chenggang est un scientifique spécialisé dans la recherche médicale, en poste à l’Institut de médecine militaire relevant de l’Académie des sciences militaires de Chine. Dès l’âge de 31 ans, il a fondé son laboratoire et à 35 ans, il a remporté le prix national des sciences naturelles et décroché une bourse spéciale attribuée par le Conseil des affaires d’État. Ses recherches impliquent plusieurs domaines, notamment la biochimie et la biologie moléculaire, la génomique et la protéomique, la microbiologie, la médecine, les neurosciences, la psychologie, la bioinformatique et le bioélectromagnétisme. Il compte déjà à son actif deux brevets internationaux PCT (Traité de coopération en matière de brevets), 17 brevets d’invention de niveau national et 11 copyrights logiciels déposés en Chine. Sans conteste, Zhang Chenggang fait partie de ces scientifiques talentueux, aux connaissances interdisciplinaires et à l’esprit innovateur.

 

M. Zhang participe également à des projets nationaux de recherche scientifique et la plupart de ses travaux sont répertoriés dans le SCI. D’après lui, depuis la réforme et l’ouverture de la Chine, l’économie chinoise a connu un essor. Et la recherche scientifique a pour finalité principale de résoudre les défis concrets rencontrés au fil du développement du pays. Par exemple, de 1978 à la fin des années 1980, l’objectif consistait à répondre à la demande de croissance, en partant de zéro. Par conséquent, les scientifiques chinois choisissaient leurs sujets de recherche en fonction des besoins du pays. À cette époque-là, il était inconcevable d’évaluer les résultats des recherches scientifiques en s’appuyant sur des normes internationales.

 

Satisfaisant les besoins réels de la nation chinoise, la recherche scientifique à cette période a soutenu la construction du pays, le développement économique et la revitalisation de l’industrie. Mais l’absence d’un système d’évaluation objectif a conduit au fur et à mesure à des exagérations, déformations et inexactitudes au niveau des résultats. De fait, à la fin des années 1980, à l’heure où la Chine évoluait vers l’économie du marché et s’ouvrait davantage au monde, la recherche scientifique chinoise a dû revoir ses exigences pour s’adapter à la nouvelle époque. Mettant de côté l’aspect quantitatif, elle s’est mise à viser plutôt l’excellence des résultats de recherche et l’obtention d’une reconnaissance internationale. Dès lors, le système international d’évaluation par les pairs (« Peer Review ») a été introduit dans le pays.

 

Pour les scientifiques chinois, participer à des conférences internationales, saisir toute occasion de parler de ses travaux et publier des traités indexés dans le SCI sont les principaux moyens de se mesurer à ses confrères travaillant dans d’autres pays. Des résultats scientifiques, pour pouvoir être reconnus comme étant de classe internationale, doivent impérativement être référencés au SCI. C’est l’une des raisons pour lesquelles les scientifiques chinois sont tenus de s’intéresser tout particulièrement à cet indice. En outre, certaines unités de recherche scientifiques utilisent le nombre de traités publiés et la qualité des contenus mesurés par l’indice SCI comme d’un critère d’évaluation pour noter le travail des chercheurs, le score obtenu ayant une répercussion directe sur le salaire perçu. Cette mesure incite d’autant plus les chercheurs à tout faire pour que leurs travaux soient cités sur le SCI.

 

« Certaines unités de recherche scientifiques attribuent des primes aux chercheurs dont les articles sont publiés dans des journaux de renom. Il existe un classement des journaux scientifiques, établi d’après le facteur d’impact. Des revues comme Nature, Science, Cell et The Lancet, avec un facteur d’impact supérieur à 20, sont considérées comme les plus prestigieuses ; et d’autres comme Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, avec un facteur d’impact compris entre 10 et 20, sont vues comme des périodiques faisant autorité », explique Zhang Chenggang.

 

« Il est intéressant de constater que la Chine s’est conformée aux règles internationales en vigueur concernant les publications scientifiques, mais les a également révisées, a ajouté M. Zhang. À l’origine, le facteur d’impact était un des indices utilisés pour juger de la qualité d’une revue. Les bibliothèques s’en servaient comme d’une référence pour déterminer les revues auxquelles s’abonner. Mais à vrai dire, ce critère ne peut pas, à lui seul, rendre compte de la qualité d’un périodique. Cependant, les revues scientifiques ont compris avec le temps que les Chinois prêtent une vive attention à ce facteur d’impact lorsqu’ils publient leurs traités. Cet indicateur a alors connu un regain d’intérêt et pesé plus de poids dans le barème d’évaluation des journaux scientifiques. Les Chinois ont donc, d’une certaine façon, repopularisé le facteur d’impact. »

 

Les chercheurs dont l’anglais n’est pas la langue maternelle se heurtent à une double difficulté lorsqu’il s’agit de publier des articles dans des revues indexées au SCI : une difficulté d’ordre scientifique et une difficulté d’ordre linguistique. Ainsi, les scientifiques chinois qui, comme Zhang Chenggang, ont réussi à faire paraître leurs traités au SCI ont indéniablement du talent. Au total, plus de 90 de ses traités scientifiques ont été documentés dans le SCI, M. Zhang signant son record en 2010 avec 10 traités ajoutés à cet indice en l’espace d’un an.

 

Pourtant, cette performance l’importe peu. À cette période, il a commencé à faire son introspection et à s’interroger : quel est mon but à travers mes recherches ?
 
Zhang Chenggang avec son groupe de recherche en 2011

 

Entre innovation  et conservatisme

 

Fin 2010, Zhang Chenggang s’est vu diagnostiquer un diabète de type 2. Il s’est alors lancé dans la recherche biomédicale, mais a bientôt dressé le triste constat qu’« un médecin ne peut pas se soigner lui-même ». Il a donc consulté une multitude d’articles publiés cette année-là sur les grandes revues médicales internationales et a découvert qu’à l’heure actuelle, pour le traitement des maladies chroniques comme l’hyperlipémie, l’hypertension et l’hyperglycémie, il n’existe pas de remède réellement efficace pour « soigner le mal à la racine ». La profession médicale se contente d’élaborer de nouveaux médicaments pour soulager les symptômes.

 

À partir de 2011, Zhang Chenggang a orienté ses recherches vers la prévention des maladies chroniques, pour servir davantage le peuple. Il faut savoir que l’obésité est à la source d’innombrables maladies. Il a donc commencé par suivre un régime et à fonder ses recherches sur sa propre expérience. Deux ans plus tard, il avait déjà perdu 20 kg et réussissait à maîtriser son équilibre glycémique. Avec l’aide de son équipe, il a avancé une théorie innovante, appelée Junxin en chinois, qui traite de l’influence d’un groupe de bactéries dans le tube intestinal. Il souhaitait bien entendu partager ses résultats de recherche avec ses confrères en les publiant dans des revues indexées au SCI. Mais cette fois-ci, il a essuyé un refus de la part des revues, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps…

 

D’après les explications de M. Zhang, la théorie médicale dominante dans le monde estime que les maladies chroniques résultent d’anomalies génétiques. C’est pourquoi les chercheurs contemporains se concentrent tout particulièrement sur la médecine de précision et la technique d’édition génomique, afin d’identifier les segments de gêne problématiques et de les réparer. Selon lui, si un scientifique procède à des recherches conformément à cet ordre d’idée, il aura plus de chances de voir ses traités indexés au SCI. A contrario, la théorie Junxin part du principe que la cause des maladies chroniques réside dans les micro-organismes présent dans l’intestin chez l’homme. De surcroît, elle présume que ces micro-organismes exercent une influence non négligeable sur les émotions. Cette théorie se distingue donc tout à fait du courant médical en vogue actuellement. « C’est toujours un risque d’avancer un point de vue innovant. Il est difficile de convaincre les experts, qui pour la plupart campent sur les opinions partagées au sein de leur cercle. C’est la raison pour laquelle il est difficile de faire apparaître des résultats inédits au SCI. Le milieu médical est plus conservateur que l’on se l’imagine », a commenté Zhang Chenggang.

 

L’innovation a beau être le thème principal du développement scientifique, en réalité, la sphère scientifique demeure conservative. Selon M. He Yuqi, membre de l’Académie nationale d’ingénierie des États-Unis et de l’Académie des sciences de Chine, les idées nouvelles sont rarement épousées dès leur apparition ; il faut du temps et des efforts pour qu’enfin, elles soient largement acceptées. À franchement parler, ce n’est pas une mauvaise chose. Il s’agit de l’approche scientifique à adopter. La vérité doit être prouvée par un processus de thèse et antithèse se composant d’expérimentations et d’applications cliniques

 

Face à la méfiance du milieu médical, Zhang Chenggang a décidé de se concentrer pleinement sur sa théorie Junxin, au lieu de s’inquiéter du SCI. Il a essayé de vérifier le caractère objectif et scientifique de sa théorie d’un point de vue interdisciplinaire. Selon lui, les diverses matières suivent une logique commune : la biologie implique la philosophie ; la philosophie trouve son écho dans les mathématiques, etc. Aujourd’hui, il tente de dénicher des arguments philosophiques et mathématiques qui viendraient soutenir sa théorie Junxin.

 

Pour Zhang Chenggang, il vit à la « meilleure époque ». Depuis 2010, la Chine est la deuxième économie mondiale, occupe une place de choix au sein de la communauté internationale et s’impose en leader dans un nombre croissant de domaines. Dans cette ère, la recherche scientifique chinoise est soumise à des exigences plus strictes : assurer la qualité des résultats de recherche pour faire de la Chine un grand pays en matière de sciences.

 

Ces dernières années, l’État encourage vivement l’innovation, de telle sorte que l’environnement scientifique en Chine est devenu plus tolérant qu’auparavant pour ce qui est des sujets à l’étude. Ainsi, M. Zhang a obtenu de la part du service responsable l’instruction de « poursuivre ses recherches » sur la théorie Junxin.

 

Dans le même temps, les autorités chinoises compétentes en matière scientifique ont introduit des mesures pour réformer la gestion du financement de la recherche. En plus, le gouvernement continuera à allouer des subventions pour l’application des découvertes scientifiques et techniques, la récompense des talents, etc. M. Zhang nous a indiqué qu’à l’heure actuelle, en accord avec la volonté du gouvernement, son unité à l’Institut de médecine militaire relevant de l’Académie des sciences militaires de Chine met en place des mesures pour instaurer un environnement plus ouvert, inclusif et propice à la recherche et à l’innovation scientifiques.

 

Aujourd’hui, la Chine a coulé le ciment de la « voie rapide » vers l’innovation scientifique et technologique. On s’attend à ce que la confrontation entre innovation et conservatisme dans ce secteur fasse des étincelles, qui aviveront encore le développement scientifique.

 

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