Roman Tesfaye (centre), ancienne première dame d'Éthiopie, assiste à la cérémonie d'inauguration du Smiling Children Project le 26 mai 2015 à Addis-Abeba.
Première dame d'Éthiopie entre septembre 2012 et février 2018, Son Excellence Roman Tesfaye est avant tout une femme et une mère. Persuadée du rôle que les femmes et les enfants ont à jouer dans le développement futur d'une nation, elle s'est particulièrement engagée pour leur bien-être et leur santé. Comme l'indique la première dame du Kenya, Margaret Kenyatta : « Roman Tesfaye est une véritable combattante pour les femmes et les enfants en Afrique ».
Fervente avocate de l'autonomisation économique des femmes, Mme Tesfaye considère qu'il s'agit de la clé en matière d'éradication de la pauvreté et la transformation sociale. Comme elle aime à le répéter : « ce qui est bon pour les femmes est bon pour l'économie ». Cette cause est ainsi devenue le premier domaine d'intervention du Bureau de la première dame. Un projet pilote a été lancé en février 2014, visant à former 1 500 femmes et jeunes filles au secteur de l'exportation. Dans le cadre de ce projet de formation, les bénéficiaires ont pu acquérir des compétences techniques et entrepreneuriales dans la fabrication artisanale d'objets destinés au marché de l'exportation, comme par exemple les accessoires de mode en cuir. Grâce à ces nouvelles opportunités économiques, les entrepreneuses en herbe ont eu accès aux marchés local et international, ce qui leur a permis d'améliorer leurs conditions de vie.
Mère de trois filles, Mme Tesfaye accorde également une attention particulière à l'éducation et à la nutrition des enfants. Ayant grandi à la campagne, elle a découvert dès son plus jeune âge, que l'éducation est un moyen efficace pour briser le cycle de la pauvreté. Suite à la lecture d'un rapport publié par le Bureau d'éducation d'Addis-Abeba, révélant que des milliers d'enfants sont sur le point d'abandonner leurs études à cause de la malnutrition, Mme Tesfaye décide aussitôt de réagir. En 2015, elle initie, conjointement avec la Fondation pour la réduction de la pauvreté de Chine (FRPC), un programme d'alimentation scolaire appelé « Smiling Children Project » (Projet sourires d'enfants) dans 42 écoles primaires publiques d'Addis-Abeba. Aujourd'hui le projet permet d'offrir 1,8 million de petits-déjeuners et de déjeuners gratuits par an à 22 000 élèves de la capitale.
D'après les études d'évaluations, le taux de fréquentation scolaire des élèves bénéficiant de ce programme avoisine les 99 %. Leur état de santé s'est amélioré et leurs performances scolaires sont en hausse. En parallèle, mais toujours dans le cadre de ce projet, 1 200 mères de famille, qui n'avaient pas d'activité ou de sources de revenus stables, ont été recrutées pour se charger de l'approvisionnement, de la préparation et de la distribution de la nourriture aux élèves. Le projet a ainsi bénéficié aussi bien aux femmes qu'aux enfants. Aujourd'hui, Mme Tesfaye continue de poursuivre ses nombreux efforts pour collecter des fonds, afin que davantage d'enfants puissent bénéficier du projet.
Élue à la tête de l'Organisation des Premières dames d'Afrique contre le VIH/sida en 2017, Mme Tesfaye a su utiliser son statut pour sensibiliser l'opinion publique à la lutte contre cette épidémie. Grâce à ses efforts soutenus, l'accès aux services de prévention et de traitement anti-VIH a été élargi aux femmes enceintes vivant avec le VIH et à leurs enfants. La capacité de réponse des institutions locales contre la pandémie a également été améliorée.
Mme Tesfaye se préoccupe également de l'accès aux soins : elle veut rendre les traitements et les soins accessibles et abordables à tous les Éthiopiens atteints de cancers. À son initiative, une stratégie nationale de prévention et de contrôle des cancers a été formulée en 2016. Dans la foulée, cinq hôpitaux universitaires spécialisés sont en cours de construction dans différentes régions du pays. Les services de diagnostic et de traitement du cancer cervical ont été élargis à travers le pays.
Si aujourd'hui Mme Tesfaye n'est officiellement plus première dame d'Éthiopie, son engagement pour améliorer la vie des femmes, des enfants et des groupes vulnérables reste intact. Dans une interview exclusive accordée à
CHINAFRIQUE
Roman Tesfaye : Jouer le rôle de première dame est une responsabilité d'importance majeure. Il s'agit d'une position unique qui doit être optimisée pour le bien de la population. J'ai choisi d'user de ce titre pour agir en faveur du bien-être des femmes et des enfants. Que ce soit l'éducation de nos jeunes enfants ou l'autonomisation des femmes, c'est le développement futur de notre nation qui est en jeu. J'ai travaillé sur cinq domaines d'intervention (ndlr, l'autonomisation économique des femmes, l'amélioration de la qualité de l'éducation à travers l'alimentation scolaire, la prévention et le contrôle des cancers, la lutte contre le VIH/sida, et la promotion des bonnes pratiques nutritionnelles), car ils exercent une influence directe sur les femmes, les enfants et les groupes marginalisés, et œuvre à améliorer leur situation à travers diverses initiatives.
Que pensez-vous de votre collaboration avec la FRPC ?
La FRPC est un partenaire solide du Smiling Children Project et de l'initiative portant sur l'autonomisation économique des femmes. Elle est prête à répondre rapidement à nos demandes et nous a épaulés dès le stade précoce du projet. Rompre le cycle de la pauvreté à travers la croissance économique est effectivement la solution durable au problème de la malnutrition. Cependant, il faut du temps pour s'attaquer aux conséquences de l'extrême pauvreté qui dure depuis plusieurs siècles. Il ne s'agit pas de favoriser la dépendance, mais d'effectuer une intervention stratégique et humanitaire. À cet égard, je remercie vivement le peuple chinois qui nous a soutenus par le biais de la FRPC et j'espère que ce soutien généreux va se poursuivre.
Pourriez-vous nous dévoiler vos futurs projets et coopérations avec la Chine ?
Je souhaite continuer à servir le peuple éthiopien. L'amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants est un combat que je mènerai toute ma vie. Prenons par exemple le programme d'alimentation scolaire. Ce n'est pas quelque chose que vous pouvez abandonner à mi-chemin : vous ne pouvez pas nourrir un enfant un jour et lui dire qu'il n'y a plus de nourriture le lendemain. Ce serait contre-productif. Par conséquent, nous devons continuer à agir jusqu'à la mise en place d'une solution durable. Avec mon mari, l'ancien Premier ministre Hailemariam Desalegn, nous travaillons à la création d'une fondation indépendante et apolitique qui se concentrera sur les questions liées au bien-être des femmes et des enfants. J'espère poursuivre ma collaboration avec la Chine autour des futurs projets que la fondation développera et mettra en œuvre.
