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Favoriser l’ascension de la Chine dans les chaînes de valeur mondiales

2018-04-10 12:13:00 Source:La Chine au présent Auteur:MA HUIYUAN, membre de la rédaction
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Le 8 novembre 2017, la cérémonie de dérivation des eaux de la 2e tranche de travaux

d’une centrale hydraulique au Laos, développée par Power Construction Corporation of China

Dans son Rapport d’activité du gouvernement de 2018, le premier ministre chinois Li Keqiang a souligné que l’économie chinoise « est passée d’une phase de croissance à haute vitesse à une phase de développement de haute qualité ». Ce terme clé de « développement de haute qualité » apparaît à six reprises dans le texte. Dans la même veine, le rapport du XIXe Congrès du Parti communiste chinois rappelle le besoin urgent d’« encourager le secteur industriel chinois à se diriger vers les maillons moyen et haut de gamme des chaînes de valeur mondiales et à développer un certain nombre de grappes industrielles de classe mondiale dédiées à la technologie de pointe ».

À l’heure où la mondialisation économique entre dans une nouvelle phase de développement, la division du travail et le transfert de valeur entre les industries mondiales se sont encore approfondis et rapprochés. « Dans le processus de mondialisation, la Chine met en œuvre sa recette secrète, qui consiste à gravir progressivement les échelons dans les chaînes de valeur, tout en intensifiant la portée et le degré de sa participation dans ces chaînes », a exprimé Wu Yabin, directeur exécutif de l’Institut de recherche sur les chaînes de valeur mondiales relevant de l’Université de commerce international et d’économie de Shanghai.

Le 7 février 2018, un technicien réalise la mise au point des équipements

électroniques de la cabine de pilotage du TGV chinois « Fuxing ».

Une participation accrue

Wu Yabin a poursuivi : « L’implication d’un pays ou d’une entreprise dans les chaînes de valeur mondiales s’observe principalement à deux niveaux : d’une part, son positionnement dans les chaînes de valeur mondiales ; d’autre part, l’ampleur et la profondeur à laquelle il ou elle est en mesure de participer. Si un pays occupe une place de choix dans la chaîne de valeur, il sera plus à même de générer de l’emploi et de créer des richesses. »

Comme l’explique Wu Yabin, dans le secteur industriel, la chaîne de valeur est généralement représentée par la « courbe du sourire ». Autrement dit, les activités en amont (R&D, développement de nouveaux concepts, fabrication de composants clés…) et les activités en aval (marketing, service après-vente…) bénéficient d’une forte valeur ajoutée ; tandis que les activités intermédiaires (transformation, assemblage, fabrication…) affichent plutôt une faible valeur ajoutée. Ainsi le positionnement d’un pays ou d’une entreprise dans la chaîne de valeur déterminera le montant de la valeur ajoutée pouvant être obtenue.

À travers sa politique de réforme et d’ouverture lancée il y a quarante ans, la Chine a approfondi continuellement l’intégration de son marché aux chaînes de valeur mondiales. Selon Wu Yabin, avant cette politique, le pays exportait principalement des produits agricoles ; dans les premiers jours de la réforme et de l’ouverture, c’étaient les produits industriels qui étaient les plus exportés, en particulier les produits primaires en vrac ; dans les années 1980, progressivement, l’accent a été mis sur les produits manufacturés, en particulier le textile ; dans les années 1990, le contenu des exportations a évolué pour se concentrer sur les produits électroniques et mécaniques, mais ceux-ci s’inscrivaient à l’époque dans le bas de gamme ; à compter du XXIe siècle, le commerce extérieur de la Chine a commencé à s’orienter petit à petit vers les produits « doublement supérieurs », c’est-à-dire à haute valeur technologique et à haute valeur ajoutée (par exemple, les grands projets d’aménagement complets dans les secteurs du TGV, de l’énergie nucléaire et autres).

En juillet 2017, l’institut de recherche dirigé par Wu Yabin a publié, en collaboration avec la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Institut des économies en développement pour l’Asie (IDE-JETRO), le Rapport sur le développement des chaînes de valeur mondiales. Ce rapport analyse le processus de réduction des frais commerciaux engagé par la Chine et l’intégration du pays aux chaînes de valeur mondiales, dressant le constat suivant : « Il est de notoriété commune que la réforme et l’ouverture ont commencé en Chine avec la création de quatre zones économiques spéciales. Ces zones économiques spéciales s’inspiraient du modèle des zones franches, offrant plus de commodités via un réseau d’infrastructures et des procédures de dédouanement. Mais ce que les gens savent moins, c’est qu’en peu de temps, la Chine a généralisé toutes ces politiques de facilitation du commerce dans une trentaine de villes du pays. Ces villes, sous l’effet de la concurrence qui est naturellement née entre elles, sont devenues des zones d’affaires où les frais commerciaux sont abordables et qui sont profondément ancrées dans les chaînes de valeur mondiales. »

Les exemples du smartphone et du TGV

Afin d’illustrer l’accroissement de la participation chinoise aux chaînes de valeur mondiales, Wu Yabin a pris l’exemple du smartphone, qui est en Chine le premier produit industriel d’exportation. À l’heure actuelle, en moyenne, les téléphones portables fabriqués en Chine sont composés de pièces chinoises à hauteur de 35-40 %. Ce taux a même dépassé 50 % pour les téléphones portables Huawei. Comparons maintenant avec un iPhone. Selon les résultats d’une étude menée en 2010, du point de vue de la chaîne de valeur, les entreprises américaines, Apple incluse, ont partagé environ 24 % des revenus créés dans la filière mondiale de la téléphonie mobile ; la part récoltée par la Chine s’est chiffrée à 24 % en 2008, contre moins de 5 % en 1995. Ainsi, le pays s’est assis aux côtés des États-Unis à la table des grands bénéficiaires dans la chaîne de valeur.

Le Rapport sur la propriété intellectuelle dans le monde 2017 publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) le 20 novembre 2017, aussi intitulé Capital immatériel dans les chaînes de valeur mondiales, arrive à la même conclusion. Selon ce compte rendu, les fabricants chinois de téléphones portables ont opéré des mises à niveau technologiques à un rythme impressionnant. C’est notamment le cas du groupe Huawei, qui, grâce à ses investissements colossaux dans la R&D et à ses efforts pour promouvoir son image de marque mondiale, est rapidement devenu l’un des principaux fabricants de smartphones haut de gamme dans le monde. Outre Huawei, les entreprises chinoises Xiaomi, OPPO et Vivo se classent parmi les dix marques qui vendent le plus de smartphones dans le monde. Tous ces faits démontrent que ces dernières années, la Chine s’est hissée d’un pas assuré au sommet de la chaîne de valeur manufacturière mondiale et que le pays fournit aujourd’hui de plus en plus des produits et services avancés à forte valeur ajoutée.

L’essor du TGV en Chine est l’exemple type d’un « développement à tous les maillons de la chaîne de valeur ». En septembre 2017, le TGV Fuxing pouvant atteindre 350 km/h a été mis en service sur la ligne Beijing-Shanghai. Fuxing est protégé par des brevets 100 % chinois, signe majeur que la Chine est en bonne voie de devenir une « puissance manufacturière », occupe une position dominante à l’échelle mondiale dans les technologies de grande vitesse ferroviaire et poursuit son ascension dans les chaînes de valeur mondiales. En novembre 2017, la Chine a déjà mis en œuvre ou redéployé une vingtaine de projets ferroviaires à l’étranger, représentant un investissement total supérieur à 100 milliards de yuans. Selon les statistiques, plus de 80 % des pays et régions disposant d’un réseau de chemins de fer utilisent des produits et services associés à l’équipementier ferroviaire chinois CRRC.

« Pour ce qui est du TGV, une industrie stratégique, la Chine a désormais la capacité de réaliser une conception intégrée dans la phase initiale, d’intégrer les systèmes dans la phase intermédiaire et d’assurer la gestion opérationnelle dans la phase finale. D’après le principe de la “courbe du sourire”, dans la filière du TGV, la Chine a réalisé un développement à tous les maillons de la chaîne de valeur », a décrit Wu Yabin, qui est également chercheur invité au Centre national de recherche stratégique sur le développement de la grande vitesse ferroviaire. Il a ajouté : « De la coopération technique à la manufacture de pièces de rechange en passant par l’export standard, l’aménagement d’une ligne ferroviaire à grande vitesse implique nécessairement une coopération avec nombre de pays. C’est un exemple parfait de la chaîne de valeur mondiale dans le secteur de la fabrication d’équipements modernes. »

Dans une interview, Zhao Hongwei, membre du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) et ingénieur en chef à l’Académie des sciences ferroviaires de Chine, a déclaré que le TGV chinois se développerait également en misant sur les technologies intelligentes et écologiques. L’accent sera mis sur les nouvelles technologies et les nouveaux matériaux, moins énergivores et plus respectueux de l’environnement, ainsi que sur les fonctions d’automatisation des trains.

Tous ces progrès n’auraient pu avoir lieu sans le soutien et les investissements du gouvernement chinois dans l’innovation. Dans son Rapport d’activité du gouvernement de 2018, Li Keqiang a souligné qu’au cours des cinq dernières années, « la Chine a augmenté ses investissements dans la R&D à un taux annuel moyen de 11 %, accédant à la 2e place mondiale des plus gros investisseurs en la matière. » « Quant à son taux de contribution au progrès scientifique et technologique mondial, il est passé de 52,2 % à 57,5 % au cours de cette période. » La Chine continue d’être l’auteur d’innovations majeures dans des disciplines comme les vols spatiaux habités, l’exploration sous-marine, les communications quantiques et les gros avions. Elle est à l’avant-garde de la tendance mondiale dans la construction de réseaux ferroviaires à grande vitesse, le commerce électronique, le paiement mobile et l’économie du partage.

Dans le même temps, la coopération étrangère et les investissements étrangers, eux aussi, n’ont cessé de croître en Chine. Hu Xiaolian, membre du Comité national de la CCPPC et présidente de la Banque d’exportation et d’importation de Chine (Eximbank), a fait savoir qu’en 2017, la Chine a émis plus de 124 milliards de dollars d’investissements à l’étranger. Par le biais de ces investissements, de plus en plus de fonds précieux sont injectés dans « le progrès technique, l’extension de la chaîne industrielle et les installations entièrement nouvelles (greenfield investments) ». Les marchés à forfait à l’étranger ont également été optimisés en permanence : les entrepreneurs commencent à participer davantage à l’investissement et s’impliquent activement dans les opérations de suivi. Hu Xiaolian a précisé encore que la Chine avait aménagé près de 100 parcs industriels à l’étranger et exporté toute une série d’équipements, de technologies et de normes dont elle est à l’origine. La participation de la Chine aux chaînes de valeur mondiales continue donc de s’élargir et de s’intensifier.

Du « made in China » au « created in China »

« Les chaînes de valeur mondiales ne sont pas nécessairement représentées sous la forme de courbes de sourire en U. De nombreux chercheurs ont également proposé la “courbe arc-en-ciel”. La fabrication n’est pas forcément un maillon à très faible valeur ajoutée dans le processus de production. Elle peut être un maillon à forte valeur ajoutée, car rappelons qu’il n’y a pas d’industrie en déclin, mais seulement des produits en déclin », a analysé Wu Yabin. Un nouveau cycle de révolutions scientifiques et technologiques ainsi que des changements industriels sont en train de remodeler les chaînes de valeur mondiales, amorçant une transition du « made in China » au « created in China ». Il convient donc d’utiliser le Big Data, l’intelligence artificielle, la stratégie de personnalisation et d’autres moyens pour hausser continuellement la valeur ajoutée propre au maillon de la fabrication. Le maillon de la fabrication, peut devenir un maillon essentiel pour la personnalisation et la spécialisation de l’offre, tout en faisant le lien avec les activités en amont et en aval du processus de production.

Outre cette augmentation de la valeur ajoutée dans le maillon de la fabrication, Wu Yabin estime que la réforme structurelle du côté de l’offre actuellement mise en œuvre en Chine permettra de moderniser la structure industrielle et de s’avancer vers une production de pointe, un bon moyen pour découvrir les sources de compétitivité dans les chaînes de valeur mondiales. D’une part, les industries au faible potentiel de développement seront fermées ou restructurées le plus tôt possible. D’autre part, grâce à l’innovation, la R&D, l’exploration de nouveaux marchés et les fusions-acquisitions sur les marchés internationaux, la Chine pourra se faire une place plus importante dans les échelons supérieurs de la chaîne de valeur.

Dans son Rapport d’activité du gouvernement de 2018, Li Keqiang a proposé « une révolution qualitative des produits fabriqués sur le territoire chinois ». À ce propos, Ning Gaoning, membre du Comité national de la CCPPC et président de Sinochem, reste profondément impressionné par le chemin déjà parcouru : « Autrefois surnommée l’“usine du monde”, la Chine s’est érigée en puissance manufacturière. Au cours de ce processus, elle a progressé et accompli des réalisations remarquables. L’industrie manufacturière de la Chine est devenue très vaste, avec des coûts relativement faibles. Toutefois, la qualité, le niveau technique, le contenu technologique et la valeur ajoutée doivent encore être améliorés. » Or selon lui, la Chine s’engage sereinement dans cette voie d’amélioration qualitative dans la fabrication.

Afin de promouvoir la montée de la Chine dans les chaînes de valeur mondiales, le gouvernement chinois a introduit une série de mesures préconisant l’abaissement des droits de douane sur les biens intermédiaires, l’ouverture du secteur des services, la facilitation du commerce et la facilitation de l’investissement. Mais la Chine est également confrontée à de multiples défis : capacité d’innovation initiale insuffisante, faible maîtrise des prix des produits finis, transfert industriel et fuite des commandes vers les pays en développement.

« Nous espérons qu’à l’avenir, les règles internationales qui seront formulées définiront non seulement la façon de “découper le gâteau”, mais surtout la façon d’“agrandir ce gâteau”. En outre, il faudra utiliser des “ingrédients plus nutritifs” qui renferment une plus grande valeur ajoutée. Cela profitera aux pays développés, mais il faudra aussi que les nombreux pays en développement “mangent à leur faim” », a commenté Wu Yabin. En effet, la Chine souhaite apporter ses contributions en diffusant ses solutions et sa sagesse.

Revenons à l’Institut de recherche sur les chaînes de valeur mondiales dirigé par Wu Yabin. En parallèle, Wu Yabin et son équipe ont mis en place une plate-forme de recherche ouverte sur le monde, intitulée « Research Institute for Global Value Chains », qui vise à promouvoir les chaînes de valeur mondiales vertes, inclusives et durables. Wu Yabin a enfin recommandé : « Les entreprises chinoises devraient participer activement à la gouvernance mondiale de l’environnement et prendre les devants dans la mise en pratique du développement vert. Il est urgent pour elles de faire preuve d’initiative à l’ère du développement vert et de la fabrication intelligente, pour stimuler la construction d’une chaîne de valeur verte, bas-carbone et durable. »

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