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Meitan, nouveau palais des thés

2018-10-31 15:22:00 Source:La Chine au présent Auteur:DANG XIAOFEI
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Le village coloré de Jinhua

 
DANG XIAOFEI, membre de la rédaction

 

Un poème chinois raconte l’histoire d’un garçon qui délaisse ses terres natales dans l’espoir de trouver de meilleures conditions de vie ailleurs. Quelques strophes qui étaient familières aux habitants du village de Hetaoba, dans le district de Meitan (province du Guizhou). Mais aujourd’hui, la réalité est tout autre : il est en vogue d’aller à Meitan pour travailler dans les champs.

 

Meitan est situé sur les hauteurs du plateau du Guizhou, dans la partie nord, et était jadis répertorié comme un district clé dans la lutte contre la pauvreté. De nos jours, Meitan met en œuvre une nouvelle solution pour que les paysans s’extirpent de la pauvreté et gagnent décemment leur vie : l’exploitation de ses 600 000 mu (un mu = 1/15 ha) de plantations de thé bio, devenus la nouvelle manne financière.

 

De cultivateur à patron

 

Cet automne, Liu Zeyuan, un habitant du village de Hetaoba est bien occupé dans son usine de fabrication de thé. Marchant dans les pas de ses parents, Liu Zeyuan s’est lancé dans la théiculture dès l’âge de 15 ans. Aujourd’hui, à 45 ans, il a confié à d’autres la gestion et la culture de ses 12 mu de terres, pour fonder de son côté une usine servant à transformer les feuilles de théier en thé. La fabrication et l’exportation de thés verts et de thés noirs haut de gamme constituent désormais ses principales activités, avec à la clé un bénéfice net annuel supérieur à 600 000 yuans. C’est ainsi que Liu Zeyuan, jadis petit cultivateur de thé, est devenu patron d’une grande entreprise opérant dans le secteur du thé. Mais à vrai dire, la success-story de Liu Zeyuan n’est pas un cas isolé. Des patrons comme lui, il en existe aujourd’hui près de 80 à Hetaoba !

 

Cette métamorphose reflète la bouffée d’air frais qu’a apportée l’industrie du thé au développement local.

 

Hetaoba offre d’ailleurs un panorama splendide, avec son amoncellement de plantations de thé à flancs de coteaux qui forment comme un tapis vert. Ses salons de thé, habitations, arbres et champs créent un décor harmonieux ajoutant au charme du village, où le parfum des feuilles des théiers vient titiller nos narines. Une véritable oasis de paix !

 

« Autrefois, Hetaoba était connu comme étant un village pauvre. Les paysans vivaient de la culture des céréales et touchaient moins de 1 000 yuans par an », se remémore Chen Tingming, secrétaire de la cellule du Parti de Hetaoba. À compter de 1983, sous la direction de He Dianlun, alors secrétaire de la cellule du Parti du village, les locaux ont commencé à planter des théiers dans le cadre de l’objectif d’éradication de la pauvreté. Les plantations de thé à Hetaoba ont gagné du terrain et couvrent actuellement une superficie de 12 000 mu, contre 5 mu à l’époque.

 

L’environnement naturel et les conditions climatiques propices de Meitan ont contribué à l’expansion rapide des champs de thé. Cet essor est aussi attribuable à un événement historique : en 1940, l’Université nationale du Zhejiang a élu domicile dans ce district, cherchant à fuir la guerre de résistance contre l’agression japonaise qui faisait rage à l’est du pays. Pendant ses sept années d’activité à Meitan, l’université a apporté les meilleurs plants et enseigné les techniques les plus avancées de l’époque pour la production du thé longjing et de divers thés noirs, ce qui a permis de rehausser considérablement la qualité de cet « or vert ».

 

« Maximisé par le développement de la filière thé, le revenu annuel net par habitant a atteint l’an dernier 16 400 yuans dans notre village qui compte quelque 3 600 habitants répartis dans 860 ménages », annonce Chen Tingming. Désormais, dans ce village qui a établi sa propre usine de thé et déposé sa propre marque de thé, chaque foyer possède une voiture et plus de 80 % des agriculteurs habitent dans des petites maisons de style occidental. En bref, Hetaoba a transformé de simples cultures en une industrie avec une organisation scientifique du travail intégrant gestion des plantations de thé, pépinière de théiers, transformation des feuilles et commercialisation du produit fini.

 

L’industrie du thé, de par son essor, a attiré de nombreux travailleurs venus d’autres régions du pays. Pour l’heure, déjà plus de 3 000 travailleurs migrants dans le village ont réussi à sortir de la pauvreté en s’engageant dans les différentes opportunités offertes dans le secteur (travail manuel, cueillette ou gestion des plantations).

 

Le village de Hetaoba n’est qu’un exemple type du développement de l’industrie du thé qui a eu lieu partout dans le district de Meitan. Aujourd’hui, cette industrie du thé est devenue le principal pilier de l’économie rurale du district. Actuellement, à Meitan, les plantations de thé couvrent une superficie de 600 000 mu, un record dans toute la province du Guizhou. Et ses marques de thé, comme Meitan Cuiya et Zunyi Hong (thé noir de Zunyi), se vendent aussi bien en Chine qu’à l’étranger. En 2017, Meitan abritait plus de 500 entreprises spécialisées dans le thé, produisant chaque année un total de 61 600 tonnes de feuilles pour une valeur estimée à 4,271 milliards de yuans, générant des recettes globales de 10,27 milliards de yuans.

 

 

La plantation de thé du district de Meitan  (PHOTOS : YU JIE)

 

L’intégration entre production de thé  et tourisme

 

L’accroissement de l’industrie du thé à Meitan a entraîné le développement du tourisme local. Meitan compte aujourd’hui de nombreux sites touristiques répartis dans une dizaine de bourgs. L’année dernière, le village pittoresque de Hetaoba a reçu à lui tout seul 70 000 visiteurs. Outre Hetaoba, le site Qicai Buluo (ce qui signifie « Tribu à sept couleurs ») est également devenu un modèle d’intégration entre production de thé et tourisme, modèle qui contribue à la réduction de la pauvreté.

 

Qicai Buluo a remplacé la brigade de Daqinggou située dans le village de Jinhua du bourg de Meijiang, enclavé dans une vallée autrefois pauvre. Cependant, en 2015, Jinhua a commencé à suivre une nouvelle voie de développement consistant à intégrer l’industrie du thé et l’industrie touristique. Les habitants ont décidé de peindre les murs extérieurs des maisons de toutes les couleurs pour donner au village une touche unique, en ouvrant parallèlement des attractions, des hôtels, des salons de thé et autres, afin de stimuler le tourisme rural. « Aujourd’hui, tous les ménages de Jinhua ont pu accroître leurs revenus grâce au tourisme. Plus de la moitié des familles sont devenues propriétaires et quasiment toutes possèdent une voiture », décrit Feng Yanqing, secrétaire de la cellule du Parti de Jinhua.

 

Rao Xifeng, 27 ans, a longtemps travaillé en dehors de son village natal de Jinhua, à Shanghai et au Jiangsu. Mais après avoir constaté l’évolution du village, il a décidé de rentrer pour s’embarquer dans le secteur touristique. Feng Yanqing commente : « En effet, de nombreux jeunes nés à Jinhua avaient fait le choix de quitter le village pour trouver du travail ailleurs. Il ne restait plus que les personnes âgées et les enfants dans les maisons. À présent, tous ces travailleurs qui étaient partis sont de retour à Jinhua. »

 

Rao Xifeng a ramené avec lui sa petite amie qu’il avait rencontrée lorsqu’il travaillait dans d’autres contrées. Ils ont décidé de vivre ensemble à Jinhua en misant sur l’économie du tourisme. « Nous avons rénové notre demeure pour aménager dix pièces. Moi, j’ai ouvert une auberge rurale ; et elle tient une buvette vendant du thé au lait. En outre, via le transfert de nos plantations de thé, nous sommes devenus actionnaires d’une coopérative de tourisme », détaille Rao Xifeng, qui se dit très satisfait de sa vie depuis son retour à Jinhua, son foyer cumulant 200 000 yuans de revenus annuels bruts.

 

« Auparavant, les ruraux comme nous partaient travailler en ville ; désormais, ce sont les citadins qui viennent travailler à la campagne », déclare Feng Yanqing, non sans fierté. Pendant la saison de la cueillette, 2 000 personnes par jour en moyenne viennent à Jinhua en bus pour ramasser les feuilles de thé, une activité rémunérée entre 150 et 200 yuans par jour. En outre, un millier de personnes vivant dans des villages défavorisés des districts voisins ont été déplacées à Jinhua, où elles ont trouvé un emploi dans la culture et la fabrication du thé.

 

Depuis trois ans, à Jinhua, c’est le tourisme qui est devenu le secteur le plus rémunérateur, la production du thé ne représentant plus qu’un tiers des recettes. Le chiffre d’affaires global généré au sein de ce village de plus de 2 500 villageois a connu une hausse, passant de 200 000 yuans à 2,6 millions de yuans ; tandis que le revenu net par habitant a dépassé les 30 000 yuans.

 

Qicai Buluo à Jinhua n’est qu’une illustration de l’intégration entre production de thé et tourisme qui a pris de l’ampleur dans tout le district de Meitan. En 2017, Meitan a accueilli plus de cinq millions de visiteurs, source de recettes touristiques globales évaluées à 2,95 milliards de yuans. Une rentrée d’argent non négligeable qui a permis à un millier d’habitants de dire « adieu » à la pauvreté.

 

Le thé et ses canaux de vente

 

Même si Meitan s’est tourné vers le tourisme, le district s’efforce toujours de booster les ventes de thé sur les marchés.

 

À Meitan, il existe 35 marchés de thé pouvant être approvisionnés en feuilles fraîchement coupées sous 30 minutes. Liu Qinglian, 50 ans, habite dans le village de Liuhedu. Chaque jour, elle va vendre ses feuilles de thé tout juste cueillies sur le marché du thé de Jinhua. « J’en vends 10 kilos par jour, ce qui représente environ 200 yuans. Quand j’ai écoulé mon stock de la journée, je passe au marché d’à côté pour faire mes courses avant de rentrer chez moi », dit-elle avec le sourire.

 

Liu Qinglian, qui cultive le thé depuis 30 ans, n’a toutefois pas toujours affiché ce grand sourire. « Quand j’ai commencé ma profession, les canaux de vente n’étaient pas très développés pour le thé. Une parcelle de 10 mu rapportait à peine 10 000 yuans par an, trop peu pour vivre », se rappelle-t-elle. Maintenant, grâce aux nombreux marchés du thé à Meitan, elle n’a aucun mal à vendre ses feuilles de théier chaque jour. À présent, une parcelle de 10 mu lui rapporte 100 000 yuans par an.

 

Ces dernières années, le principe de la « fabrication à la commande » s’est généralisé dans le secteur de la culture du thé. « Par le passé, il était commun de produire du thé dans un premier temps, et seulement après de rechercher des canaux de vente. À présent, nous cherchons à adapter la production selon les exigences des clients. Par le passé, le thé était vendu par livre ; désormais, il se vend par mu », explique Zhao Jiwei, directeur général de la société Meitan Qinyuanchun Tea Industry Co., Ltd. Selon ce concept, un client réserve des parcelles en déboursant des frais annuels de 800 yuans par mu, en sus de frais de gestion de 365 yuans, puis les plantations de thé sont intégralement gérées par l’entreprise. Quand vient la saison de la cueillette, après règlement par le client d’un certain montant correspondant à la rémunération des cueilleurs et aux frais de transformation, il bénéficie de toutes les feuilles de thé récoltées dans chaque mu réservé. Ces feuilles pourront alors être transformées en thé vert, thé noir ou thé blanc pour le compte du client, selon les désirs de ce dernier.

 

À l’heure actuelle, cette méthode est le principal canal de vente pour la société Qinyuanchun. « L’année dernière, plus de 1 000 mu de champs de thé ont été réservés via Qinyuanchun. Et l’année 2018 s’annonce tout aussi prometteuse », fait savoir Zhao Jiwei. Ces modèles de vente inspirées de la « fabrication à la commande » se multiplient à Meitan.

 

En outre, l’industrie du thé à Meitan exploite l’approche « Internet + ». Plus de 300 boutiques en ligne ont ouvert sur les principales plates-formes chinoises d’e-commerce (comme Taobao, Tmall et Jingdong), générant un chiffre d’affaires cumulé de plus de 100 millions de yuans.

 

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