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Le Cadre économique pour l’Indopacifique n’apporte rien à la croissance mondiale

2022-05-31 15:06:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHANG XUDONG*
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Le 23 mai, Joe Biden a annoncé à Tokyo qu’un total de treize pays étaient membres fondateurs de l’IPEF.

 

Suite à la Stratégie indopacifique mise en place au début de l’année 2022, l’administration Biden a annoncé au mois de mai le lancement du Cadre économique pour l’Indopacifique, qui vise à créer des normes élevées liées à la coopération dans les domaines du commerce numérique, de l’énergie propre, de la sécurité de la chaîne d’approvisionnement, des impôts et de la lutte contre la corruption. Son but est également de maintenir la position dominante des États-Unis en matière de coopération économique et commerciale dans cette région.

Cependant, face à l’opposition politique interne aux États-Unis et aux préoccupations des pays de la région, ce cadre présente beaucoup de défauts de naissance : d’une part, il manque d’incitations clés telles que la réduction des droits et l’accès au marché, d’autre part, son orientation stratégique consistant à isoler et à exclure la Chine fait hésiter de nombreux pays de la région.

Le maillon faible

Au mois de février 2022, l’administration Biden a officiellement publié le document de Stratégie indopacifique. Dans la conception stratégique du gouvernement américain, la sécurité économique est une partie importante de la sécurité nationale et la coopération économique et commerciale avec la région indopacifique concerne la compétitivité et l’attractivité des États-Unis dans la région.

Après que l’administration Trump s’est retirée de l’Accord de partenariat transpacifique (TPP) au début de son entrée en fonction, les États-Unis n’ont pas pu participer aux négociations d’accords économiques et commerciaux multilatéraux dans la région Asie-Pacifique pendant plusieurs années. Au cours de cette période, le Partenariat économique régional global (RCEP), auquel manquent les États-Unis, est entré en vigueur, tandis que la Chine, principale concurrente aux yeux des États-Unis, a activement cherché à adhérer à l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), qui a été mis à niveau après le retrait des États-Unis, et à l’Accord de partenariat sur l’économie numérique (APEN). Cela rend le maillon faible de la Stratégie indopacifique de plus en plus évident dans les domaines économique et commercial.

Les États-Unis ne veulent ni accepter un système de coopération économique et commerciale Asie-Pacifique de « l’ère post-américaine » ni perdre leur domination dans l’établissement de règles du commerce numérique mondial.

Du fait que le TPP a été jugé comme une « mort politique » aux États-Unis et que l’administration Biden, qui a mis en place une politique selon laquelle « les travailleurs américains doivent être prioritaires », ne veut pas négocier un nouvel accord économique et commercial complet avec les pays d’Asie-Pacifique et n’en est pas capable, la stratégie réalisable pour les États-Unis consiste à construire, avec les pays d’Asie-Pacifique, un cadre de coopération économique et commerciale faiblement intégré qui met en évidence les priorités américaines en contournant les sujets sensibles à l’intérieur du pays et qui ferait mieux de ne pas nécessiter l’approbation du Congrès.

Sur la base de ce qui précède, le président américain Joe Biden a entamé son premier voyage en Asie de l’Est près d’un an et demi après son entrée en fonction, et le Cadre économique pour l’Indopacifique (IPEF - Indo-Pacific Economic Framework for Prosperity) est sorti de l’ombre après des consultations durant plusieurs mois entre les États-Unis et leurs alliés et pays partenaires. Le 23 mai, Joe Biden a annoncé à Tokyo qu’un total de treize pays, à savoir les États-Unis, le Japon, la République de Corée, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Inde, Singapour, l’Indonésie, la Thaïlande, les Philippines, le Vietnam, la Malaisie et Brunei, étaient membres fondateurs de l’IPEF. On estime que celui-ci couvre une population de 2,5 milliards de personnes, et que l’agrégat économique de ces pays membres représente 40 % du total mondial.

Il est à noter que l’IPEF comprend tous les membres du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité entre les États-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde, tous les alliés militaires américains en Asie-Pacifique, ainsi que tous les pays de l’ASEAN excepté le Myanmar, le Laos et le Cambodge.

L’intention stratégique

Dans l’esprit des États-Unis, le Cadre économique pour l’Indopacifique repose sur quatre piliers : premièrement, élaborer des règles dites équitables, de haut niveau et contraignantes dans des domaines tels que le commerce numérique, le travail et l’environnement ; deuxièmement, améliorer la résilience et la sécurité des chaînes d’approvisionnement pour des industries importantes telles que les puces, les batteries à haute capacité, les produits médicaux et les minéraux clés ; troisièmement, promouvoir la construction des infrastructures de haut niveau, ainsi que le développement des technologies de décarburation et des technologies vertes ; enfin, stimuler la supervision et la coopération en matière d’impôts, de lutte contre le blanchiment d’argent et de lutte contre la corruption.

Afin d’améliorer l’inclusivité de l’IPEF, les États-Unis n’obligent pas les pays membres à participer aux négociations dans tous les domaines, donc ceux-ci peuvent négocier au niveau ministériel autour des quatre piliers comme ils le souhaitent.

Parlant de l’intention stratégique de promouvoir l’IPEF, la représentante américaine au commerce Katherine Tai a déclaré sans détour que celui-ci vise à contrer efficacement l’influence croissante de la Chine. La secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo a également précisé que l’IPEF offre aux pays asiatiques une alternative à la Chine et que les entreprises américaines devraient en profiter.

En fait, certains pays d’Asie-Pacifique ont de grandes attentes quant à la participation des États-Unis à la coopération économique et commerciale de la région. La position de Singapour est assez représentative : selon le premier ministre singapourien Lee Hsien Loong, le Cadre économique pour l’Indopacifique revêt une signification stratégique et des intérêts économiques, il pourrait être une plateforme précieuse pour que les États-Unis développent la diplomatie économique dans la région indopacifique, et il indique clairement que les États-Unis continueront à chercher à collaborer avec des pays partenaires asiatiques et à renforcer leur influence dans le Pacifique.

Parallèlement, de nombreux pays d’Asie-Pacifique s’attendent à ce que les États-Unis rejoignent le CPTPP, en particulier le Japon.

« Cibler la Chine » n’est pas populaire

En tant que région dans laquelle le degré d’acceptation et la concrétisation de la mondialisation et du libre-échange sont élevés, l’Asie-Pacifique a forgé un consensus très fort sur la promotion de son intégration économique et commerciale. Elle améliore sans cesse son niveau de libéralisation et de facilitation du commerce et de l’investissement, en formant une voie de coopération unique et en construisant une plateforme de coopération régionalisée et interconnectée.

À un moment critique où le monde fait face à de multiples crises en matière d’énergie, d’alimentation et de chaîne d’approvisionnement, et où beaucoup de pays sont confrontés à une inflation élevée et à la forte baisse du niveau de vie de la population, ce que la région Asie-Pacifique attend véritablement, c’est que les États-Unis encouragent sincèrement la mise à niveau de la coopération régionale pour parvenir à la reprise économique. En effet, elle ne veut voir aucun complot visant à forcer les différentes parties à choisir leur camp, à créer des sécessions et des antagonismes, ainsi qu’à prôner publiquement ou secrètement le découplage économique, le blocus technologique et la déconnexion de la chaîne industrielle.

En d’autres termes, les pays d’Asie-Pacifique ne soutiennent généralement pas le fait que les États-Unis « réinventent la roue » pour attaquer le cadre de coopération régionale existant et le fait qu’ils font de l’IPEF un outil de concurrence stratégique pour exclure la Chine.

À cet égard, l’attitude de la République de Corée, qui est récemment passée à une alliance stratégique globale avec les États-Unis, est la plus représentative. Le gouvernement sud-coréen a souligné que la soi-disant alliance de la chaîne d’approvisionnement créée conjointement par les États-Unis et la République de Corée n’avait aucune intention d’exclure la Chine de la coopération mondiale de la chaîne industrielle et de la chaîne d’approvisionnement, et que la République de Corée renforcerait la communication étroite avec la Chine, pour éviter que celle-ci ne se sente ignorée et exclue.

De plus, la République de Corée continuera non seulement à coopérer avec la Chine pour construire une chaîne d’approvisionnement plus résiliente, mais également à promouvoir activement les négociations sur la mise à niveau de l’Accord de libre-échange Chine-République de Corée.

En réalité, les États-Unis sont bien conscients des préoccupations des pays d’Asie-Pacifique et de l’attractivité insuffisante de l’IPEF à l’heure actuelle. Du fait de la résistance dans sa politique intérieure, les États-Unis ont exclu les mesures les plus incitatives en lançant l’IPEF, par exemple, la réduction des droits et l’accès au marché. Mais dans le même temps, ils espèrent que tous les adhérents respectent des normes d’exécution assez élevées dans les domaines du commerce numérique, de l’énergie, de la protection de l’environnement, du climat, de la réduction des émissions et des droits du travail. Dès lors, de nombreux pays d’Asie ont montré une attitude incertaine envers ce cadre.

En un mot, à peine né, le Cadre économique pour l’Indopacifique est déjà emmêlé dans les attentes et les doutes. S’il pouvait promouvoir la reprise économique et la coopération dans la chaîne industrielle comme objectif principal, s’en tenir à l’idée d’ouverture et de gagnant-gagnant, agir conformément aux règles du libre-échange, rechercher sincèrement la solidarité, la stabilité et la prospérité de la région, ainsi que se débarrasser de l’égoïsme lié à la géopolitique et de l’intention d’isoler et d’exclure la Chine, ce cadre serait constructif et durable et apporterait aux États-Unis de riches récompenses dignes du courage politique et de la sagesse décisionnelle de ses décideurs.

 

*ZHANG XUDONG est chercheur à l’Institut de la gouvernance et du développement mondiaux relevant de l’Université Tongji, et docteur au Département des relations internationales à l’Université Tsinghua.

 

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