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La solidarité du monde occidental est confrontée à trois écueils

2022-03-29 14:45:00 Source:La Chine au présent Auteur:TIAN DEWEN*
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Le 24 mars 2022, un mois jour pour jour après le déclenchement du conflit russo-ukrainien, le président américain Joe Biden s’est rendu à Bruxelles pour participer à trois sommets, respectivement de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), de l’Union européenne (UE) et du G7, affichant une volonté sans précédent d’unir les alliés occidentaux. Les thèmes de ces sommets étaient liés à l’aide à l’Ukraine, aux sanctions contre la Russie et au renforcement de la coopération occidentale.

À en juger par les résultats communiqués, Joe Biden a engrangé des progrès significatifs. Premièrement, les membres de l’OTAN ont accepté d’augmenter leurs dépenses militaires, ce que l’ancien président américain Donald Trump n’avait pas réussi à obtenir malgré des pressions à long terme. Deuxièmement, les États-Unis ont signé un accord d’exportation de gaz avec l’UE, s’engageant à aider les pays membres à se débarrasser de leur dépendance énergétique à la Russie. Troisièmement, ils ont convenu de renforcer le déploiement militaire de l’OTAN sur la côte Baltique, en Europe de l’Est et dans les Balkans, pour intensifier le confinement militaire de la Russie.

Bien que l’effet réel de ces trois décisions reste à démontrer, l’objectif de Joe Biden d’unir les alliés occidentaux contre la Russie semble avoir été atteint. Selon un reportage de Sky News, le président américain avait précédemment souligné que dans ce monde en constante évolution, la chose la plus importante était que l’OTAN maintienne une unité absolue.

Pourtant, le contexte dans lequel le président Biden fédère les alliés occidentaux repose sur le conflit russo-ukrainien, l’endommagement de la sécurité européenne et la pression à la baisse accentuée sur l’économie européenne, ce qui est inévitablement une remise en cause en matière d’éthique de la communauté internationale. Les États-Unis favorisent-ils la paix et la prospérité en Europe ou nuisent-ils à celles-ci ? Les réponses à cette question sont certainement influencées par le point de vue de chacun, même si les trois avancées de la visite du président Biden en Europe sont finalement mises en œuvre. D’un point de vue objectif, la solidarité du monde occidental promue par les États-Unis est confrontée à au moins trois écueils.

Premièrement, la situation économique. Le conflit russo-ukrainien et les sanctions contre la Russie ont gravement affecté l’économie européenne, qui peine à se redresser. D’une part, la confiance des consommateurs et des investisseurs est sérieusement ébranlée, tandis que le commerce et les investissements internationaux sont entravés ; d’autre part, la flambée des prix de l’énergie constitue déjà le principal facteur alimentant l’inflation en Europe.

La Russie est non seulement un grand partenaire commercial et une destination d’investissement majeure pour les pays européens, mais également la plus importante source d’énergie. Dès lors, il est impossible pour l’Europe de couper immédiatement et complètement ses liens économiques avec la Russie. Lors de la visite de Joe Biden en Europe, les États-Unis ont signé un accord avec l’UE pour promettre à celle-ci de fournir au moins 15 milliards de mètres cubes de gaz naturel en 2022, et au moins 50 milliards de mètres cubes de gaz naturel chaque année à l’avenir.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’en est réjouie, mais elle a reconnu dans le même temps que le chiffre de 50 milliards de mètres cubes ne représente qu’un tiers de l’importation annuelle de gaz naturel de l’Europe en provenance de Russie. Quant aux deux tiers restants, la présidente ne l’a pas mentionné dans son discours, soulignant simplement que l’Europe est sur la voie de la diversification et s’éloigne du gaz russe. Il est difficile de juger si cette voie est viable ou non, mais il est certain que la reprise économique européenne fait face à une perspective sombre. Cela pourrait être le principal facteur affectant la solidarité du monde occidental.

Deuxièmement, la politique intérieure américaine. À l’approche des élections de mi-mandat, Joe Biden a hâte de remettre une réponse satisfaisante aux électeurs, pour ne pas devenir un « président boiteux » qui perdrait sa prédominance dans les deux chambres. Cependant, face à la plus forte pression inflationniste depuis quatre décennies, les hausses de taux continues de la Fed ne semblent pas avoir eu l’effet escompté.

Récemment, la cote d’approbation de Joe Biden est tombée à un niveau record. Certaines analyses estiment que le conflit russo-ukrainien pourrait aider les États-Unis à « tondre l’Europe » et stimuler le retour de capitaux aux États-Unis pour atténuer la pression inflationniste à laquelle est confrontée l’administration Biden. Mais à observer la situation actuelle, cet effet n’est pas encore évident. Même si Joe Biden remporte cette bataille politique liée aux élections de mi-mandat, il perdra inévitablement l’impression favorable et la confiance de ses alliés européens. En effet, plus les États-Unis « se distinguent », plus ses alliés européens en difficulté sentent un décalage, ce qui aura sans aucun doute un impact négatif sur le monde occidental.

Troisièmement, le jeu politique international. La solidarité du monde occidental s’appuie sur des valeurs partagées, mais surtout sur des intérêts communs. Il faut respecter pleinement les intérêts nationaux des alliés, pour que les alliés sauvegardent volontairement les intérêts collectifs. Depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien, l’unité des pays occidentaux repose essentiellement sur des valeurs et des menaces de sécurité communes, tandis que les conflits d’intérêts nationaux passent temporairement à l’arrière-plan.

Cependant, cette situation ne sera pas durable. Tout d’abord, le niveau de dépendance à l’énergie russe varie selon les pays européens : l’Allemagne et l’Italie sont plus dépendantes du pétrole et du gaz naturel russes que d’autres pays européens, ce qui nécessite donc un long processus de transition fait d’incertitudes pour remplacer cette dépendance à l’énergie russe au profit d’autres sources d’énergie telles que le pétrole en provenance du Moyen-Orient et le gaz naturel en provenance des États-Unis. Il n’est ni juste ni réaliste d’exiger que les pays européens fortement dépendants de l’énergie russe coupent immédiatement leurs liens économiques avec la Russie, et le jeu à cet égard aura un impact négatif et durable sur la solidarité du monde occidental.

En outre, le niveau de menace causée par le conflit russo-ukrainien varie d’un pays européen à l’autre : la Pologne et les trois pays baltes sont les plus durement touchés ; à peu près deux millions de réfugiés ont afflué en Pologne depuis le déclenchement du conflit. Ces pays espèrent que l’OTAN augmente le déploiement militaire, mais une telle action redoublerait le risque d’intensification du conflit avec la Russie, alors que l’OTAN n’a pas l’intention d’être directement impliquée dans le conflit avec la Russie. En raison de ces différentes exigences de sécurité, un jeu complexe pourrait se mettre en place entre les pays membres de l’OTAN, ce qui affecterait l’unité de l’Occident.

La paix et le développement sont des aspirations communes des peuples du monde entier ; aucune coalition internationale allant à l’encontre de ces aspirations n’aura le soutien continu du peuple. Le 8 mars, le président chinois Xi Jinping a déclaré, lors d’un sommet vidéo avec les dirigeants français et allemand, que tous les efforts visant à résoudre pacifiquement la crise ukrainienne doivent être soutenus.

La priorité immédiate est d’éviter l’escalade des tensions, voire une situation incontrôlable. Face à la crise, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont tous deux offert leurs bons offices pour apaiser les tensions, et après le début du conflit, ils ont téléphoné au président russe Vladimir Poutine à plusieurs reprises pour appeler à la fin du conflit. Bien que ces efforts n’aient pas abouti à des résultats significatifs jusqu’à présent, les gestes de la France et de l’Allemagne reflètent la ferme volonté de l’Europe de décider de son destin. Ainsi, la solidarité du monde occidental préconisée par les États-Unis ne peut être positive que si elle vise à œuvrer à la réconciliation.

*TIAN DEWEN est directeur adjoint et chercheur à l’Institut d’études européennes de l’Académie des sciences sociales de Chine.

 

 
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