La chancelière allemande Angela Merkel visite l’école primaire Raisins Dorés de Daxu (district de Baohe) à Hefei (Anhui), le 30 octobre 2015.
La démission de Mme Angela Merkel signifie la fin d’une époque pour l’Allemagne. Au cours de son mandat, elle a activement promu la coopération pragmatique entre l’Allemagne et la Chine et a apporté une contribution importante à la construction d’un « nouveau type de relations internationales » mutuellement bénéfique et gagnant-gagnant entre l’Europe et la Chine. Pendant la période où l’administration Trump des États-Unis a défendu l’unilatéralisme et l’intimidation, les relations sino-européennes sont devenues une certitude dans un « monde incertain ». Alors, dans « l’ère post-Merkel », les relations Chine-Europe peuvent-elles perpétuer cette dynamique positive de développement ?
À l’heure actuelle, l’Europe n’est toujours pas sortie de l’ombre de la pandémie de COVID-19, la reprise économique est faible, le populisme est en hausse, les contradictions sociales sont aiguës et les relations Chine-Europe sont confrontées à des défis ardus. En mars 2021, en raison des sanctions imposées à la Chine par certains individus et institutions de l’UE sous prétexte de mensonges et de fausses informations, la Chine a pris les contre-mesures nécessaires. En mai, le Parlement européen a décidé de geler l’approbation de l’Accord global sur les investissements Chine-UE, dont les négociations ont pris sept ans. Certains politiciens irresponsables dans les pays européens ont délibérément adopté des positions dures contre la Chine pour en tirer un avantage politique. Certains « nouveaux États membres » de l’Union européenne pensent être soutenus par les États-Unis et défient ouvertement les intérêts fondamentaux de la Chine. De plus, ces dernières années, l’UE et ses États membres ont introduit un certain nombre de législations protectionnistes dans des domaines tels que l’examen des investissements et la coopération technique, ce qui peut également avoir un impact négatif sur la coopération économique et commerciale sino-européenne.
Cérémonie d’échange de document d’établissement du Centre Chine-Europe à Chengdu (Sichuan), le 25 octobre 2017
Toutefois, lorsque nous examinons l’orientation future des relations sino-européennes, nous ne devons pas nous laisser influencer par ces événements négatifs. En effet, le développement sain des relations Chine-Europe au cours des 30 dernières années a apporté d’énormes avantages aux deux parties et au monde. Ce processus a été marqué par de nombreuses péripéties, mais les défis ont finalement été surmontés. Mme Merkel est une grande politicienne, grande précisément parce qu’elle a su comprendre correctement les tendances générales de l’époque et défendre fermement le concept diplomatique mutuellement bénéfique et gagnant-gagnant. Cette femme d’État se caractérise par sa rationalité et son pragmatisme, qui correspond justement au courant dominant de la politique européenne.
Aujourd’hui, le monde traverse des changements majeurs inédits depuis un siècle, et les relations entre la Chine et l’Europe sont également susceptibles de changer. Mais nous avons des raisons de croire que dans l’ère post-Merkel, les relations Chine- Europe peuvent encore rester stables en général, et que les deux parties peuvent limiter les changements futurs à la portée de « petits ajustements dans la stabilité ».
Premièrement, la coopération économique et commerciale entre la Chine et l’Europe sera ajustée structurellement en maintenant une échelle stable. En 2020, dans le contexte de la pandémie, le commerce total entre l’UE et la Chine a atteint 586 milliards d’euros, soit une augmentation de 4,46 % en glissement annuel. Le commerce avec la Chine a représenté 16,07 % du commerce extérieur total de l’UE, faisant de la Chine le plus grand partenaire commercial international de l’UE.
Ces dernières années, la coopération économique et commerciale entre la Chine et l’UE a été confrontée à des défis tels qu’une complémentarité réduite, une coopération uniforme et des domaines de coopération restreints. En Europe, l’opinion publique fait pression pour « réduire la dépendance à la Chine » et « reconstruire la chaîne industrielle ». Cependant, s’aliéner la Chine, deuxième économie et premier marché en croissance au monde, n’est certainement pas judicieux pour l’économie européenne, qui est fortement orientée vers l’extérieur. Ce n’est que si la Chine et l’Europe travaillent ensemble pour trouver de nouvelles complémentarités dans le domaine économique et commercial, innover les formes de coopération et élargir les domaines de coopération que nous pourrons maintenir une situation mutuellement bénéfique et gagnant-gagnant.
Deuxièmement, la coopération politique Chine-Europe sera étendue dans le cadre stable. Entre la Chine et les États membres de l’UE, un mécanisme de dialogue stratégique à plusieurs niveaux et dans plusieurs domaines a été mis en place. Il joue un rôle important pour assurer la stabilité de la coopération politique entre les deux parties et constitue également une pierre angulaire de la gouvernance mondiale. La Chine et l’Europe sont toutes deux fermement attachées au multilatéralisme. Bien qu’elles affichent de grandes différences d’idéologie, de système social et d’intérêts, elles ont de nombreux points communs dans des domaines tels que la lutte contre le changement climatique, la protection de la biodiversité, l’opposition au terrorisme et la prévention de la prolifération nucléaire. En tant qu’acteurs internationaux responsables, la Chine et l’UE (et ses États membres) cultiveront un champ de coopération politique de plus en plus large, car cela est dans l’intérêt commun de l’humanité.
Troisièmement, la coopération interpersonnelle Chine-Europe sera enrichie tout en maintenant une volonté stable. Les échanges culturels constituent le « troisième pilier » de la coopération sino-européenne, et un mécanisme de dialogue et d’échange multiforme et multidisciplinaire a été mis en place, avec un nombre croissant d’échanges interpersonnels. Cela reflète la volonté commune des deux parties de créer une base culturelle solide pour la coopération économique, commerciale et politique.
En raison de la pandémie, les échanges interpersonnels entre la Chine et l’Europe se sont interrompus ces dernières années et doivent être enrichis et améliorés. L’objectif des échanges interpersonnels est d’améliorer la compréhension mutuelle, le respect mutuel et la confiance mutuelle, qui sont indispensables à l’établissement de bonnes relations internationales. Tant que la Chine et l’Europe maintiendront leur volonté de renforcer la coopération économique, commerciale et politique, leur volonté de renforcer les échanges interpersonnels et culturels ne diminuera pas, et l’on pense que ces échanges pourront se rétablir et se développer rapidement après la pandémie.
Par conséquent, le développement des relations sino-européennes dans « l’ère post-Merkel » s’annonce généralement optimiste. La Chine a toujours été une fervente partisane de l’intégration de l’Europe, et l’UE a toujours recherché une « autonomie stratégique ». La création récente de l’alliance tripartite AUKUS entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie montre que l’importance des pays européens en tant qu’alliés de l’OTAN diminue dans le cadre stratégique international des États-Unis. Dans le même temps, l’avenir des relations entre la Chine et les États-Unis n’est pas entièrement dépourvu de marge de redressement. Ces facteurs permettront à l’Europe de maintenir une politique rationnelle et pragmatique à l’égard de la Chine, de garantir que les relations Chine-Europe achèveront progressivement les ajustements requis par les changements d’époque sous le principe de la stabilité et apporteront de nouvelles contributions à la paix et au développement mondiaux.
*TIAN DEWEN est directeur adjoint et chercheur de l’Institut d’études européennes de l’Académie des sciences sociales de Chine.
