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Accroître la consommation et exploiter le potentiel de la demande intérieure

2020-07-02 15:59:00 Source:La Chine au présent Auteur:CAI FANG
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Le 12 juin 2020, à Yichang (Hubei), le Salon de la consommation automobile « Prix bas à Yichang » 2020 a ouvert ses portes au Port mondial des Trois Gorges dans la rue Zhongnan.

 

Parallèlement au combat engagé contre le COVID-19 pour prévenir et enrayer l’épidémie, il nous faut gagner une autre bataille : celle qui consiste à relancer l’activité, stabiliser l’emploi et garantir le bien-être du peuple. Pour atteindre ses objectifs de développement socioéconomique, la Chine doit pleinement mettre en jeu son gigantesque marché et exploiter le potentiel de croissance économique, en rétablissant et en boostant la demande de la consommation.

 

Impact de l’épidémie sur la consommation

 

La Chine est actuellement confrontée à de multiples défis dans sa phase de développement, sur son territoire comme à l’étranger. D’une part, ses moteurs traditionnels de croissance économique du côté de l’offre ont perdu de leur vigueur et son taux de croissance potentiel a été revu à la baisse. Elle a également subi les répercussions négatives dérivant du phénomène de démondialisation, du ralentissement de l’économie mondiale ainsi que des frictions économiques et commerciales sino-américaines. Depuis le début de l’année, la terrible vague épidémique de COVID-19 a non seulement mis en péril l’existence et la santé de la population, mais a aussi gravement affecté tous les aspects de la vie des citoyens. En particulier, au niveau de l’activité économique, qui a été étouffée dans une certaine mesure. Et malgré le retour au travail et la reprise de la production, les chiffres de l’activité économique restent inférieurs à ceux enregistrés à la même période l’année dernière. Cette épidémie aura inévitablement un impact économique et social très important.

 

Force est de constater qu’en raison du coup porté par l’épidémie, la Chine est confrontée à de grands défis pour atteindre les objectifs et réaliser les missions qu’elle s’était fixés, à savoir faire doubler le PIB du pays et le revenu par habitant dans les zones urbaines et rurales par rapport à 2010, ainsi que faire sortir de la pauvreté toutes les populations rurales démunies et tous les districts pauvres, définis selon les critères en vigueur dans notre pays. Puisque les indices économiques au cours des premiers mois de 2020 étaient en nette baisse comparés à l’année précédente, par la suite, il sera nécessaire de redoubler d’efforts pour combler les pertes subies et obtenir les meilleurs résultats annuels possible.

 

Dans le même temps, l’épidémie porte préjudice à l’économie chinoise par le truchement de trois facteurs. Premièrement, le ralentissement de la consommation, qui correspond à un choc négatif de la demande. Deuxièmement, la lente reprise de l’activité, qui correspond à un choc négatif de l’offre. Troisièmement, le choc extérieur résultant des obstacles à la mobilité des facteurs de production et de l’interruption temporaire d’une partie des chaînes d’approvisionnement. À cela s’ajoute l’actuelle propagation du COVID-19 dans d’autres pays. Ces deux phénomènes, combinés, ont un effet synergique qui aggrave les conséquences de l’épidémie sur l’économie chinoise et l’économie mondiale. En réponse à ce défi particulier, il nous faut tirer parti des avantages qu’offre le gigantesque marché chinois de la consommation et introduire davantage de mesures afin d’exploiter le potentiel de la consommation.
 

 

Mettre en jeu le gigantesque marché intérieur
 
L’économie chinoise est passée d’une phase de croissance rapide à une phase de développement de qualité. Pour maintenir un essor économique soutenu et sain, la croissance économique doit passer d’une part, d’un modèle propulsé par l’investissement dans les facteurs de production à un modèle propulsé par la hausse de la productivité ; d’autre part, d’un modèle tiré par la demande extérieure et l’accroissement des investissements à un modèle davantage tiré par l’expansion de la consommation des ménages.

 

La Chine possède des avantages uniques qu’elle peut utiliser pour dynamiser la demande intérieure, en particulier la consommation. Son immense marché et la colossale demande intérieure qui peut en émaner constituent à la fois une garantie importante des fondamentaux de l’économie chinoise qui tendent au mieux à long terme, à la fois une arme efficace pour surmonter l’impact économique causé par l’épidémie.

 

D’un point de vue international, la consommation chinoise est titanesque. Selon les statistiques de la Banque mondiale, en 2018, les dépenses de consommation finale s’élevaient à 62 600 milliards de dollars à travers le globe et à 7 300 milliards de dollars en Chine, soit 11,6 % du total mondial. Selon la classification des pays en fonction de leur revenu publiée par la Banque mondiale, la Chine a rejoint les rangs des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure à partir de 2010, et la consommation finale chinoise compte pour 46,9 % de la consommation finale cumulée pour ce groupe de pays. De par sa population nombreuse et son poids économique considérable, la Chine affiche une consommation finale équivalant à 71,8 % du total enregistré par l’ensemble des pays de la zone euro.

 

Si l’on considère la situation intérieure, la consommation chinoise, doué d’un énorme potentiel et d’une grande vitalité, suit invariablement sa tendance à la hausse. Sur la décennie s’étirant de 2008 à 2018, les dépenses de consommation finale en Chine ont connu en moyenne une croissance de 8,5 % par an, un taux bien plus élevé que la moyenne mondiale (2,3 %). Ainsi, en Chine, la consommation progresse plus rapidement que le PIB. Si l’on compare la croissance de la consommation finale à la croissance du PIB, le rapport entre ces deux taux a augmenté, passant de 0,903 entre 1998-2008 à 1,072 entre 2008-2018.

 

Ces faits et chiffres signalent également la profonde évolution qui a eu lieu au niveau des facteurs contribuant à la croissance économique chinoise. Parmi les « trois locomotives » de cette croissance économique (exportations nettes, investissement et consommation), la contribution de la consommation finale à la croissance du PIB continue d’augmenter et a atteint 76,2 % en 2018. Dans la structure de la consommation finale, la consommation des ménages chinois (urbains et ruraux) représente 70 % environ, soit une hausse impressionnante par rapport à 2008.

 

Exploiter pleinement le potentiel de la consommation
 
Pendant et après la prévention et le contrôle de l’épidémie, il est essentiel d’encourager la reprise du secteur tertiaire et de dynamiser la consommation des ménages. Il s’agit à présent du point de départ pour relancer l’activité économique, stabiliser l’emploi et garantir le bien-être du peuple.

 

Premièrement, la Chine peut tabler sur la consommation compensatoire. Suite à un choc réfrénant la consommation normale, on observe généralement chez les consommateurs une propension à une consommation compensatoire, qui procède à la fois de besoins réels et de facteurs psychologiques. Entrent dans cette catégorie certains articles ménagers que les habitants ont moins achetés pendant le processus de prévention et de contrôle de l’épidémie, en particulier les produits de marque plutôt haut de gamme et qui ne conviennent pas à l’achat par Internet. Certaines enquêtes menées sur les intentions d’achat révèlent que les consommateurs, en particulier les jeunes, brûlent d’envie de se rattraper en faisant plein d’emplettes.

 

Deuxièmement, la Chine peut compter sur la consommation alternative. Les secteurs comme le tourisme et les arts de la scène, qui proposent une consommation expérientielle et collective, sont ceux qui ont été le plus affectés par le COVID-19 et qui peineront le plus à remonter la pente. Ces services pourraient être convertis en d’autres postes de consommation ayant la même utilité mais étant davantage privés et pourraient recourir à des modes de consommation différents. Par exemple, les offres touristiques traditionnelles de visite guidée sur un site pittoresque seront peut-être remplacées par des offres de loisirs ou d’enrichissement des connaissances plus individualisées et décentralisées, celles-ci pouvant constituer un nouveau filon pour l’industrie du tourisme.

 

Troisièmement, la Chine peut miser sur la consommation orientée. Sous l’effet de l’épidémie, la population réclamera sans doute, plus vivement encore, un nouveau type de consommation privilégiant une vie saine. Par exemple, la demande en produits de soins de santé, en activités sportives et de remise en forme, en produits d’entretien pour la maison et en objets d’ornement devraient augmenter, de même que la demande vis-à-vis des modes de transports privés. Ainsi, de nouvelles vogues de consommation pourraient voir le jour dans le futur.

 

À l’avenir, l’État doit allouer des aides aux individus à faible revenu et à ceux frappés de plein fouet par l’épidémie, en vue de renforcer la confiance des consommateurs et leur pouvoir d’achat. Il doit tout spécifiquement assister et soutenir l’industrie tertiaire, en particulier les PME, et ajuster l’offre et la demande s’il veut atteindre le pic de consommation escompté. Parallèlement, il convient d’encourager et de guider le modèle d’affaires axé sur l’innovation de l’industrie des services et la consommation. Le gouvernement chinois a déjà pris des mesures en ce sens, dans l’objectif de stimuler le potentiel de consommation.

 

*CAI FANG est vice-président de l’Académie des sciences sociales de Chine.

 

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