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De la pisciculture traditionnelle à la pisciculture intelligente

2020-03-05 17:47:00 Source:La Chine au présent Auteur:WEI HONGCHEN
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Paysage du réservoir Fushi, ville de Huzhou (Zhejiang)

 

L’Internet des Objets, une industrie émergente stratégique, très scientifique et technologique, d’un côté ; la pisciculture, une méthode de production agricole traditionnelle qui dépend du ciel, de l’autre. Pour de nombreuses personnes, il semble difficile d’établir un lien direct entre les deux. Mais pour Shen Yunjian, qui élève des poissons depuis 14 ans, l’Internet des Objets lui a finalement permis de bien dormir sans s’inquiéter du lendemain.

 

Âgé de plus de 50 ans, Shen Yunjian habite dans le village de Quxi, près de la ville de Huzhou, dans la province du Zhejiang. Il a pris en charge forfaitaire des viviers de 70 mu (1 mu = 1/15 ha)avec sa femme pour élever principalement des poissons-chats jaunes et des poissons blancs. Comme presque la moitié des habitants locaux qui vivent de la pisciculture, Shen Yunjian et sa femme élèvent des poissons d’une manière traditionnelle : en plein air et en fonction des expériences et sensibilités personnelles dans les choix opérés.

 

La nuit venue, l’inspection des viviers est l’une des tâches les plus importantes des pisciculteurs. L’oxygène pour les poissons est produit par la photosynthèse des algues dans le vivier, mais durant la nuit, sans la lumière du soleil, l’oxygène dans l’eau se réduit considérablement. À cause du manque d’oxygène, les poissons nagent vers la surface de l’eau pour respirer. Si ce phénomène n’est pas grave, il ralentit le rythme de croissance des poissons. Mais si rien n’est fait, les poissons meurent. Ainsi, les pisciculteurs doivent inspecter la situation des viviers dans la nuit pour régler à tout moment la pompe à oxygène et assurer son approvisionnement.

 

Auparavant, Shen Yunjian et sa femme devaient inspecter les viviers toutes les deux ou trois heures. Pendant la période la plus active, l’inspection de quatre ou de cinq viviers était souvent une charge écrasante pour le couple. « Surtout en été, il est impossible de dormir paisiblement chaque nuit par peur de ne pas régler à temps le manque d’oxygène dans l’eau. On n’a pas d’autre moyen que le contrôle régulier », déclare Shen Yunjian.

 

Heureusement, ces deux dernières années, la situation s’est améliorée. Aujourd’hui, Shen Yunjian peut non seulement connaître à tout moment la teneur en oxygène dans les viviers et la température de l’eau, mais aussi contrôler à distance le commutateur de la machine à oxygène à l’aide d’une application mobile. Il n’est plus nécessaire de veiller toute la nuit.

 

Ces changements sont dus à la technologie de l’Internet des Objets, introduite par le district de Deqing, au cours de la transformation numérique de l’agriculture.

 

Situé dans le nord de la province du Zhejiang, le district de Deqing se trouve au cœur de la plaine Hangzhou-Jiaxing-Huzhou, dans le delta du Yangtsé. Ayant de nombreux ports et étangs et rivières, le district est riche en ressources hydriques. Il est donc doté de conditions naturelles exceptionnellement favorables à la pisciculture. En tant que grand district de la pisciculture en eau douce de la province du Zhejiang, Deqing développe l’aquaculture sur une superficie totale de 205 000 mu. Néanmoins, depuis longtemps, les pisciculteurs n’élèvent les poissons que selon leurs propres expériences, cela comporte de gros risques, exige des investissements considérables et cause de fortes pollutions.

 

Comment surmonter la situation difficile de la pisciculture traditionnelle pour la transformer en pisciculture intelligente est devenu un enjeu majeur pour le district de Deqing au moment de développer l’agriculture numérique. Grâce à la technologie de l’Internet des Objets, la solution a été trouvée.

 

 

La pisciculture intelligente d’un pisciculteur diplômé

 

Dans la province du Zhejiang, c’est en réalité le bourg de Linghu, non loin du district de Deqing, qui a été le premier à introduire l’Internet des Objets pour développer la pisciculture. En 2016, Shen Jie, docteur de l’Académie des sciences de Chine, a quitté son emploi avec un salaire élevé pour retourner dans son pays natal, le bourg de Linghu de la ville de Huzhou, pour créer son entreprise de technologie agricole Celefish. En effet, Il connaît les difficultés de ses parents dans la pisciculture traditionnelle et souhaite utiliser l’Internet des Objets pour rétablir l’écosystème de la pisciculture. Il a créé une plate-forme dédiée à l’Internet des Objets rassemblant les pisciculteurs, les fabricants d’aliments pour les poissons, les vendeurs et les institutions financières. Cela facilite les maillons de la pisciculture, des ventes et du financement de cette industrie.

 

Avant sa démission, Shen Jie était le chef de l’équipe générale du Groupe de travail national sur les normes de base de l’Internet des Objets et le doyen adjoint de l’Institut de recherche sur l’industrie de l’Internet des Objets de Wuxi. Au nom de la Chine, il avait élaboré, en tant que principal responsable, la première norme internationale de l’architecture de référence de l’Internet des Objets à l’échelle mondiale.

 

« L’Internet des Objets n’est pas une technologie unique, mais un modèle d’innovation global. Pour réaliser sa bonne application, il faut combiner la technologie avec l’industrie », explique Shen Jie. Pour lui, la pisciculture est une bonne industrie à titre expérimental. D’un côté, comme la plupart des industries, elle a des problèmes structurels du côté de l’offre. Elle a donc besoin d’être réformée et peut être un essai pilote. De l’autre côté, elle correspond au développement de l’Internet des Objets. Celui-ci peut donc apporter de grandes valeurs ajoutées à cette industrie.

 

« Avant d’élever des poissons, il faut préparer une eau de bonne qualité. » La teneur en oxygène, la valeur du pH et la concentration en azote ammoniacal de l’eau affectent la croissance des poissons. L’ajustement de la qualité de l’eau est donc la clé pour assurer leur croissance saine. De ce fait, à l’aide de l’Internet des Objets, Shen Jie a inventé une plate-forme de gestion intelligente aquacole : installer des capteurs dans les viviers et les indicateurs à côté des viviers qui sont connectés au Centre de contrôle dans le bourg.

 

La pisciculture intelligente économise les ressources financières et humaines

 

En apparence, le capteur n’est qu’une petite boîte simple, mais en réalité, il peut transférer, à travers une ligne d’induction dans l’eau, les données collectées vers le système de téléphone mobile, ce qui permet de surveiller en temps réel la teneur en oxygène et la qualité de l’eau, d’analyser la situation des poissons par le Big Data et de prévenir les agents pathogènes et les insectes nuisibles. Une fois que les données de l’oxygène dissous sont inférieures à la norme définie, le téléphone déclenche automatiquement une alarme. De plus, il existe une surveillance 24 heures sur 24. Dans ce cas, le dispositif en service appelle également les pisciculteurs au téléphone pour leur signaler d’allumer l’équipement à l’oxygène via le téléphone mobile.

 

Selon Jin Hui, directeur général de la succursale de Celefish à Deqing, le service de surveillance de la qualité de l’eau basé sur l’Internet des Objets peut non seulement réduire le taux de mortalité des poissons à 1 ‰ à cause du manque d’oxygène, mais aussi affaiblir l’intensité du travail de contrôle nocturne des pisciculteurs. En outre, il aide à réduire la consommation d’électricité de plus de 15 % et à augmenter la production de 10 %. Il peut apporter aux pisciculteurs une augmentation de 2 000 yuans de rendement par mu.

 

Zhang Li’en est l’un des premiers pisciculteurs à utiliser l’Internet des Objets dans son activité et à obtenir les avantages apportés par ce modèle. « Ce n’est pas la peine de se lever à plusieurs reprises dans la nuit et la première année, le rendement a augmenté de 680 yuans par mu. Auparavant, je n’osais pas l’imaginer », confie-t-il.

 

En fait, l’Internet des Objets a non seulement renversé les expériences accumulées depuis des décennies par les pisciculteurs traditionnels, mais il a aussi pénétré dans toute la chaîne industrielle de la pisciculture traditionnelle. Zhang Li’en précise qu’il vendait des poissons via des intermédiaires et par ce moyen, il ne pouvait pas souvent obtenir de l’argent. Maintenant, grâce à la plate-forme de l’Internet des Objets, il peut vendre les poissons à un prix raisonnable et à domicile. De plus, l’Internet des Objets peut également prédire le marché aux poissons et donner des conseils aux pisciculteurs sur l’élevage des poissons. « Les pisciculteurs ne choisissent que les poissons qu’ils savent élever ou qui ont bien été vendus l’année précédente », indique Zhang Li’en.

 

Équilibrer la production et la protection de l’environnement

 

En 2018, le modèle de la pisciculture par l’Internet des Objets du bourg de Linghu a été officiellement introduit au district de Deqing. Selon Zhang Dongsheng, chef adjoint de la section de l’industrie rurale et de l’information sur les marchés de l’Administration agricole et rurale du district de Deqing, actuellement, les pisciculteurs locaux sont généralement âgés et ils ont du mal à bien comprendre la technologie intelligente et d’accepter les nouvelles choses. De ce fait, le gouvernement de Deqing achète des équipements à travers l’adjudication pour laisser les pisciculteurs utiliser gratuitement les capteurs.

 

D’après Jin Hui, pour le moment, plus de 50 000 pisciculteurs se sont inscrits sur la plate-forme de l’Internet des Objets et plus de 7 000 pisciculteurs se sont abonnés au service de surveillance de la qualité de l’eau par l’Internet des Objets, dont plus de 3 000 pisciculteurs de Deqing. Selon les statistiques publiées par le gouvernement de Deqing en octobre 2019, la production totale des produits piscicoles du district de Deqing de l’année 2019 devrait atteindre 150 000 tonnes et la valeur totale de production devrait dépasser 4,8 milliards de yuans. La production totale annuelle pourrait représenter 10 % de celle de la province du Zhejiang et la valeur totale annuelle pourrait représenter 80 % de celle de l’agriculture de Deqing. La pisciculture constitue la plus grande industrie agricole du district de Deqing. Du point de vue de Zhang Dongsheng, l’application de la technologie de l’Internet des Objets a joué un rôle important dans la promotion du développement de la pisciculture du district de Deqing.

 

Celefish projette également de mettre en œuvre à Deqing le modèle écologique de la pisciculture reposant sur le microcycle de l’eau entre deux viviers. Conçu et inventé par Celefish, ce modèle est caractérisé par sa haute efficacité, sa bonne qualité et son zéro émission. Il consiste à élever les poissons dans un vivier et à ajuster la qualité de l’eau dans un autre vivier, utilisant le système tridimensionnel de l’injection de l’eau par zone séparée pour réaliser le cycle de l’eau entre les deux viviers. Selon Jin Hui, ce modèle de l’Internet des Objets permet de mettre en service une surveillance en direct, d’accroître l’oxygène d’une façon intelligente, de donner automatiquement des aliments aux poissons et de faire des stérilisations physiques. « Grâce à ce modèle écologique de la pisciculture, il est plus facile pour nous d’élever les poissons et de réduire la pollution de l’eau. Nous avons finalement réalisé une pisciculture intelligente, efficace et écologique », conclut Jin Hui.

 

WEI HONGCHEN est journaliste de Beijing Information.

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