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Quatre questions clés dans la réduction de la pauvreté

2019-11-29 14:59:00 Source:La Chine au présent Auteur:HUANG CHENGWEI
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Le 29 octobre 2019, dans le village de Jingui, district de Xuyong, ville de Cangzhou (province du Sichuan), des ouvriers agricoles exposent en plein air les fruits du camélia pour les faire sécher.

 

En novembre 2015, le Comité central du Parti communiste chinois (PCC) a organisé une conférence de travail sur la réduction de la pauvreté et le développement. À cette occasion, il a énoncé précisément les objectifs à atteindre à l’horizon 2020 : faire en sorte que tous les ruraux pauvres (selon les normes en vigueur) ne soient plus dans le besoin, que tous les districts pauvres disent adieu à la misère, et que le problème de la pauvreté globale régionale soit définitivement résolu. Comme l’a souligné le secrétaire général Xi Jinping lors de cette conférence, la lutte contre la pauvreté doit être centrée sur quatre questions clés : « Qui bénéficie des aides ? », « Qui apporte les aides ? », « Comment fournir les aides ? » et « Comment gérer la sortie de la pauvreté ? ». Après plusieurs années d’efforts, des réponses plus convaincantes sont apportées à ces questions, jetant des bases solides pour une prochaine victoire écrasante de la Chine contre la pauvreté.

 

Qui bénéficie des aides ?

 

La Chine adhère aux principes de réduction précise de la pauvreté et d’assistance ciblée aux pauvres. Les équipes de travail désignées répertorient les personnes pauvres village par village, foyer par foyer, puis affinent les résultats de cette tâche d’identification en dressant des constats sur l’évolution des circonstances et en effectuant des ajustements.

 

La première tâche consiste à détecter la pauvreté. En 2014, plus de 800 000 personnes à travers le pays sont allées de village en village et de foyer en foyer afin de rendre compte de la situation. Au total, 128 000 villages, 29,48 millions de ménages et 89,62 millions de personnes ont été identifiés comme vivant sous le seuil de pauvreté national. Grâce à ce travail, il a été possible d’obtenir une vue d’ensemble sur la répartition de la population pauvre à travers le territoire chinois, les diverses causes derrière la misère et les besoins des démunis pour sortir de l’impasse. À partir de ces données, un système d’information unifié pour la lutte contre la pauvreté a pu être mis en place à l’échelle du pays. Dans certains districts et villages n’étant pas considérés comme pauvres, des bilans sur les effets des mesures prises seront effectués à des fins d’ajustement progressif ; de même, une assistance sera immédiatement fournie aux citoyens tombant ou retombant dans la pauvreté, à des fins d’ajustement opportun. Après des années d’efforts, fort est de constater que cette cartographie de la pauvreté est de plus en plus précise.

 

Qui apporte les aides ?

 

La nouvelle approche de sélection et d’envoi des cadres dans les villages a permis de renforcer considérablement la « force en première ligne » dans la lutte contre la pauvreté. La Chine est ainsi entrée dans la dernière ligne droite de la réduction précise de la pauvreté.

 

Premièrement, il faut que la sélection des cadres s’opère sur l’ensemble du territoire. En 2013, le processus de sélection d’équipes locales a été lancé dans tous les villages ; en 2016, les équipes de travail destinées à travailler directement sur le terrain dans les 128 000 villages pauvres du pays étaient enfin définies. Certaines provinces ont également envoyé des équipes similaires dans des villages non considérés comme pauvres, mais où il était important de contrer la misère. Au total, la Chine compte aujourd’hui 248 000 équipes de travail au niveau des villages.

 

Deuxièmement, il faut viser le traitement normalisé des problèmes. Les instructions publiées à l’attention des équipes de travail dans les villages garantissent la normalisation à tous points de vue, pour une sélection subtile, un soutien efficace, des résultats probants et des citoyens satisfaits. Par ailleurs, toutes les localités se réservent le droit de destituer de leurs fonctions tout cadre à l’échelon du village qui serait jugé incompétent.

 

Troisièmement, il faut améliorer la capacité de lutte réelle par le biais d’une préparation adaptée. Il convient de fournir aux cadres dans les villages une formation ciblée, pour qu’ils sachent quoi faire et quoi apprendre, quelles sont les lacunes et comment les combler.

 

Quatrièmement, il faut récompenser les bons résultats atteints dans l’assistance aux démunis. Depuis le XIXe Congrès du PCC, plus de 40 000 cadres dans les villages ont été promus ou se sont vu confier une tâche importante en raison de leurs performances exceptionnelles, l’objectif étant de mettre en place un mécanisme d’incitation pour les cadres œuvrant à l’échelon des villages.
 
 
Le 26 septembre 2018, le district de Qianxi de la ville de Bijie (province du Guizhou) était l’une des zones de concentration de la pauvreté en région montagneuse dans les Monts Wumeng. En 2017, 16 852 personnes ont été réinstallées dans le quartier d’immeuble surnommé Jinxiuhuadu, dont plus de 700 personnes de l’ethnie Miao. (PHOTO : YU JIE)

 

Comment fournir les aides ?

 

Conformément aux exigences de réduction précise de la pauvreté, la Chine met en œuvre son « plan en cinq axes » pour réduire la pauvreté : l’accroissement de la production ; le déplacement et relogement des populations démunies, l’octroi de compensations écologiques, le développement de l’éducation et la garantie de la sécurité sociale. La réduction de la pauvreté peut aussi passer par l’emploi, la santé, la gestion des actifs, les infrastructures, les services publics, etc. Le travail doit s’adapter aux conditions locales et à la situation de chacun.

 

Mettre en œuvre la réduction de la pauvreté par le développement industriel selon une approche multicanal. Dans les régions frappées par la pauvreté, il convient de cultiver et développer vigoureusement les industries les plus avantageuses. Parallèlement, il faut enrichir et adopter les politiques de microfinance. Un total de 14,825 millions de ménages pauvres ont bénéficié d’un coup de pouce financier pour développer leur production, avec 587,13 milliards de yuans de prêts contractés et 234,68 milliards restant à rembourser. Le taux d’obtention des prêts par les ménages pauvres est monté en flèche jusqu’à atteindre 49,5 %, contre 2 % en 2014. Grâce à ce mécanisme, en moyenne, il existe à ce jour 17 entreprises implantées à l’échelle de la ville ou au-delà dans chacun des 832 districts défavorisés ; et 2 communautés vivant selon une économie collective dans les 128 000 villages nécessiteux. Ajoutons que plus des deux tiers des ménages pauvres du pays sont impliqués dans des entités commerciales de forme nouvelle. En outre, diverses mesures ont permis d’obtenir des résultats remarquables dans la réduction de la pauvreté, notamment cultiver l’esprit d’entreprise dans les villages pauvres, faire valoir le potentiel touristique local, promouvoir la conversion au photovoltaïque et développer l’e-commerce.

 

Instaurer un ensemble de mesures pour atténuer la pauvreté par le biais de l’emploi. Il convient de renforcer la coopération en milieu professionnel et de faire en sorte que les personnes pauvres aptes au travail arrivent à décrocher un poste. Parmi les personnes pauvres archivées au niveau national, près de 23,8 millions sont des travailleurs migrants. Il faut amener toutes les localités à tirer pleinement parti des terres inexploitées, des écoles abandonnées ou autres dans les villages, afin qu’elles soient réaménagées en ateliers de lutte contre la pauvreté, principalement concentrés sur l’industrie de transformation à forte intensité de main-d’œuvre ainsi que le tissage à la main, l’artisanat ethnique, etc. Il est urgent d’aider les travailleurs pauvres, en situation de précarité ou à temps partiel, à trouver un emploi plus rémunérateur directement dans leur village, notamment en allouant des bourses de formation professionnelle aux jeunes issus de familles déshéritées.

 

Organiser méticuleusement le déplacement et le relogement des populations pauvres. Au cours de la période d’exécution du XIIIe Plan quinquennal, l’État a déplacé 10 millions de pauvres vers des zones plus propices, relogeant avec eux près de 5 millions de personnes non démunies. Grâce aux investissements prévus dans le budget central, à des emprunts à long terme à taux bas ainsi qu’à d’autres moyens, le gouvernement a pu amasser 600 milliards de yuans de fonds spécialement destinés aux travaux de déplacement et de relogement des personnes pauvres, conformément à la norme nationale établie à 60 000 yuans par habitant. Dans le même temps, il faut renforcer l’aide à l’emploi dans le secteur industriel, améliorer les installations de service public dans la zone de réinstallation et faciliter davantage l’intégration au sein de la communauté. Il est en effet nécessaire de garantir aux populations déplacées qu’elles retrouveront un emploi stable qui leur permettra de s’enrichir progressivement.

 

Développer les systèmes d’éducation et de santé. Il faut faire valoir l’enseignement et contrôler vigoureusement le décrochage scolaire, ainsi que faire appliquer intégralement la politique des « deux exemptions et une indemnité » (en milieu rural, exemption des frais de manuels et des frais divers gratuits, et indemnité de subsistance versée aux élèves en internat) sur toute la période de scolarité obligatoire. Il faut mettre en œuvre un programme nutritionnel optimisé pour les élèves en âge de fréquenter l’école obligatoire en milieu rural, s’efforcer de combler les lacunes et développer les capacités des élèves devant être scolarisés, et promouvoir les programmes de soutien aux enseignants dans les campagnes. Côté santé, il convient de suivre une politique de sécurité sociale au cas par cas, pour que tous les résidents pauvres (urbains et ruraux) soient globalement couverts par l’assurance maladie de base et bénéficient du remboursement de leurs frais d’hospitalisation à hauteur de 90 % environ. Au total, 15 millions de patients atteints de maladies graves ou chroniques ont reçu des soins de base et autres services de prise en charge. Par ailleurs, 88 % des centres de soins cantonaux et 75 % des cliniques dans 832 districts défavorisés ont mené à bien des travaux de normalisation.

 

Rénover efficacement les habitations délabrées et s’efforcer de résoudre le problème de l’eau potable. Les habitations délabrées de 7,33 millions de ménages ont été rénovées. À la fin de 2018, la Chine a résolu le problème du non-accès à l’eau potable pour 16,05 millions de pauvres et prévoit d’en faire de même d’ici la fin de 2019 pour les quelque 1,043 million de pauvres encore non reliés au réseau d’eau.

 

Créer des modèles innovants pour réduire la pauvreté via l’écologie. Il y a lieu de favoriser la reconversion des terres agricoles en forêts et en prairies. Il faut recruter des gardes forestiers. D’ailleurs, déjà près d’un million de pauvres dans les zones défavorisées ont été engagés à ce poste. Il convient également d’établir des coopératives de lutte contre la pauvreté par le reboisement. Déjà 21 000 coopératives professionnelles de lutte contre la pauvreté via la construction écologique ont été fondées à l’échelle du pays, lesquelles réunissent 1,2 million de pauvres impliqués dans des projets de protection environnementale. Précisons que depuis le XVIIIe Congrès du PCC, un total de 60 millions de mu (1 mu = 1/15 d’hectare) de terres défrichées ont été reboisées.

 

Accorder des indemnités de subsistance en fonction de critères bien définis. Il faut rehausser les critères ouvrant droit à des indemnités de subsistance, car tous les districts et villages du pays ont atteint ou dépassé les seuils de pauvreté nationaux. Il est urgent de garantir les moyens d’existence de la population aux prises avec l’extrême pauvreté. Parmi les pauvres, ceux qui ont perdu totalement ou partiellement leur aptitude au travail (notamment les personnes sévèrement handicapées ou gravement malades qui sont contraintes de vivre à la charge de leur famille), peuvent, sur demande individuelle, percevoir une indemnité de subsistance au même titre qu’un ménage d’une seule personne.

 

Encourager vivement l’extension des réseaux routier et électrique. Fin 2018, déjà 24 420 villages administratifs situés dans des régions pauvres étaient accessibles par des routes goudronnées, soit 98,6 % du nombre total de villages administratifs remplissant les conditions nécessaires. Ces dernières années, plus de 500 000 km de routes ont été construites et réhabilitées dans les régions rurales défavorisées du pays. Pour ce qui est de l’électricité, déjà fin 2018, tous les villages du pays (à l’exception de ceux au Tibet) ont accès au réseau électrique triphasé ; par ailleurs, le taux de fiabilité du réseau électrique dans les zones rurales pauvres dépassait 99 %.

 

Comment gérer la sortie de la pauvreté ?

 

Afin d’assurer une réduction de la pauvreté de qualité, il y a lieu d’appliquer, dans le respect du calendrier fixé et de la période de maintien des aides, une évaluation rigoureuse pour déterminer si tel ou tel ménage doit rester inscrit sur la liste des foyers pauvres ou bien en être retiré.

 

Premièrement, il faut déterminer les critères et procédures de sortie de la pauvreté. Les districts et villages pauvres ne seront plus considérés comme tels s’ils parviennent à répondre aux critères suivants : si le taux de pauvreté est tombé sous la barre des 3 % pour les régions de l’ouest du pays ; si le taux de pauvreté est tombé sous la barre des 2 % pour les régions du centre. Dans les villages, d’autres facteurs seront également pris en compte, notamment la situation sur le plan des infrastructures, des services publics de base, du développement industriel et des revenus économiques collectifs. Quant aux habitants pauvres, ils devront réunir les critères suivants pour sortir officiellement de la pauvreté : la personne concernée perçoit un revenu annuel net par habitant (calculé d’après la situation économique du foyer) qui est stable et supérieur aux normes nationales définies dans le cadre de la lutte contre la pauvreté ; l’instruction obligatoire, les soins médicaux de base et la sécurité du logement sont garantis.

 

Deuxièmement, il faut élaborer minutieusement un programme annuel pour la réduction de la pauvreté ainsi qu’un programme pluriannuel, qui pourra être ajusté de manière dynamique au fil des ans en fonction des résultats atteints, pour que le processus de sortie de la pauvreté se déroule suivant un modèle scientifique, rationnel et ordonné.

 

Troisièmement, il faut évaluer la qualité de la réduction de la pauvreté. Il convient de mandater une tierce partie qui mesurera le taux de précision quant à l’identification et au retrait des habitants pauvres sur les listes afférentes, ainsi que la satisfaction du peuple. Il convient également d’organiser des inspections et enquêtes spéciales dans les districts pauvres qui déposent une demande de sortie de pauvreté, pour valider ou rejeter leur dossier.
 

HUANG CHENGWEI : chercheur et directeur du Centre national d’éducation et de communication pour la réduction de la pauvreté, relevant du Bureau du groupe dirigeant de la lutte contre la pauvreté et du développement du Conseil des affaires d’État

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