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Passé et avenir de la Chine, observations d’un Chinois d’outre-mer

2019-10-11 15:51:00 Source:french.china.org.cn Auteur:FRANÇOIS FOCK-YEE
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En 1978, Deng Xiaoping, lassé des querelles idéologiques, lança la politique de réforme et d’ouverture. Dès lors, d’année en année, on a pu assister aux progrès fulgurants de la Chine, tant sur le plan économique, scientifique que culturel. On a vu les Chinois reprendre confiance en eux. L’esprit d’initiative et d’entreprendre s’épanouit partout, aussi bien dans les grandes villes qu’à la campagne.

 

Guangzhou, capitale de la province du Guangdong, ville d’origine de mes parents, en est le parfait exemple. La ville a connu un boom faramineux : dans tous les quartiers et recoins, des immeubles poussèrent comme des champignons après une pluie d’automne ; la ville se fut bientôt retrouvée sillonnée de larges boulevards et d’avenues.

 

Faisant suite à la tournée dans le sud de Deng Xiaoping en 1992, au cours de laquelle il se rendit à Shenzhen et annonça urbi et orbi cette phrase devenue célèbre :  « peu importe qu’un chat soit noir ou blanc, pourvu qu’il attrape des souris ! », la région s’était métamorphosée à vue d’œil. Guangzhou changea de visage ; les transformations furent si profondes et rapides que chaque année, on avait l’impression de découvrir une ville nouvelle. D’ailleurs, lorsqu’on achetait un plan de la ville, il n’était déjà plus valable l’année suivante. Des rues et des avenues ont surgi de nulle part, des quartiers ont été complétement rénovés et sont devenus méconnaissables. Les villes secondaires comme Foshan ou Shunde suivirent la même trajectoire et connurent le même essor.
 

 

Chinois d’outre-mer né à la fin des années 1940 sur l’île de La Réunion (territoire français), j’ai été témoin direct de ces profonds changements.

 

Mes souvenirs sont encore vivaces de ma première prise de contact avec la Chine. C’était en mai 1976, je m’y suis rendu en compagnie de mes parents qui étaient tout fiers de présenter leur fils chirurgien à la famille restée en Chine. Au passage de la frontière à Luohu, séparant Hong kong de la partie continentale de la Chine, nous étions chargés de 5 gros ballots contenant toute sorte de vivres (des biscuits, des saucisses sèches, du canard confit, du saindoux en boîte, des condiments de toute sortes, etc.), ainsi que des coupons de tissu, une machine à coudre avec tout le nécessaire (aiguilles, fils, boutons etc.), des fils et ampoules électriques, des réveils, des montres, des ventilateurs etc., et aussi deux vélos de la marque « hirondelle ». C’était l’époque de la fin de la Révolution Culturelle, la Chine manquait de tout.

 

La petite ville de Luohu constituait une zone frontière où les rares bâtiments étaient occupés par la douane et la police des frontières. Du fait de la lenteur des services de douane, nous avions été retardés et du coup nous avions raté notre train. il a fallu chercher à nous loger sur place. Mais le seul hôtel de Luohu était déjà complet. Nous avons dû nous rabattre vers un petit village nommé Futian situé à quelques kilomètres et peuplé essentiellement de quelques milliers de pêcheurs. Dire que des années plus tard, ce village a fusionné avec d’autres villages pour former le district de Shenzhen devenu en moins de deux décennies une véritable mégalopole.

 

Une fois arrivée à Guangzhou, pour se déplacer dans cette ville à l’époque de seulement 4 millions d’habitants, il fallait soit emprunter le bus, soit prendre le taxi. Les bus étaient généralement bondés, dans un état épouvantable et roulaient en faisant un bruit infernal ; quant aux taxis, mieux valait les réserver à l’avance auprès de l’hôtel, car les chauffeurs n’obéissaient pas aux clients mais aux directives de l’hôtel. Autant dire que ce n’était pas simple. Il y avait aussi des vélos tripousse en grand nombre qu’il était plus commode d’emprunter faute de taxi disponible. Mais l’on se sentait plutôt gêné quand on voyait au bout de 30 minutes le conducteur suer à grosses gouttes… Heureusement, nous avions acheté deux vélos à l’entreprise China Travel à Hong Kong.  

 

Aussi, avant de les offrir à la famille, avons-nous eu la bonne idée de les utiliser dans les rues de Guangzhou, larges et peu fréquentées où nous ne croisions guère que quelques vieilles voitures, sorte de guimbardes ambulantes, quelques antiques camions émettant une épaisse fumée noire, et quelques bus brinquebalants. Ces rues étaient quasi désertiques après 16 heures.

 

Ma tante, la sœur cadette de ma mère, vivait en Chine avec ses 5 enfants. En 1976, nous l’avons revue pour la première fois après plusieurs décennies de séparation. Nous l’avons invitée avec toute sa famille au restaurant de l’hôtel Orient, endroit à l’époque inaccessible aux locaux, réservé uniquement aux étrangers ou aux Chinois d’outre-mer. Lors du premier repas que nous avons pris ensemble, nous avons commandé un nombre de plats incalculable et je fus effaré de les voir engloutir autant de nourriture en un si court laps de temps. Comme s’ils n’avaient rien mangé depuis des lustres ! C’était évidemment lié à la dure réalité de pénurie chronique de l’époque et au système de tickets de rationnement ; les gens n’avaient le droit qu’à quelques kilos de riz par mois, une centaine de grammes de viande, un peu de sucre et de sel, des légumes séchés. Les rares magasins étaient peu achalandés quand ils l’étaient !
 

 

Les Chinois portaient encore tous les mêmes vêtements bleus : une veste en hiver, une chemise à manches longues en été, et un pantalon court un peu bouffant, parfois délavé, souvent rapiécé, fait dans un tissu bleu qui rappelait un peu le jean américain.

 

Dix ans plus tard, lors de ma visite suivante en 1985, la ville frontière de Luohu s’était beaucoup agrandie et les villages qui l’entouraient formaient désormais le district de Shenzhen. Des immeubles et des gratte-ciel commençaient à sortir de terre. Quels changements en seulement une décennie ! Désormais, à Guangzhou, nous pouvions emmener notre famille dans n’importe quel restaurant de la ville. Là, ils pouvaient choisir leurs plats préférés bien qu’il me semblait qu’ils mangeaient toujours autant. Ces restaurants étaient les premiers restaurants privés et étaient souvent financés par des Hongkongais. Lors de cette seconde visite, des vélos, des motos et des télévisions remplaçaient les vêtements et les biens de premières nécessités que nous leur avions apportés la première fois. Nos proches se montraient très curieux des nouvelles des pays occidentaux et rêvaient d’y voyager.

 

Vingt ans plus tard, au milieu des années 90, les choses avaient encore bien changé : nos proches faisaient plus attention à ce qu’ils mangeaient, évitant les plats trop gras ou trop copieux. De toute évidence, ils n’étaient plus affamés et leur alimentation était nettement plus saine. Nous avions alors commencé à encourager la jeune génération à faire des études à l’université ou à monter leur petite entreprise,  «à se jeter à l’eau » selon l’expression à la mode.

 

Encore une décennie plus tard, au milieu des années 2 000, les rôles se sont trouvés inversés : cette fois-ci, ce sont nos proches qui nous ont invités dans les meilleurs restaurants de la ville. Ils sont venus nous chercher dans leurs voitures rutilantes, flambant neuves! C’est dire que leur situation économique s’était nettement améliorée grâce à la réforme et à l’ouverture. Ils occupaient désormais des postes de cadres ou de chefs d’entreprise. Ils avaient une confiance inébranlable à l’égard de leur pays.
 
Le 29 août 2019, dans le parc Xiangmi de l’arrondissement Futian à Shenzhen, le ciel se dégage après la pluie.

 

Quarante ans plus tard, en 2017, nous avons eu le grand bonheur de les accueillir à La Réunion. Et ce n’était pas leur premier voyage hors de Chine. Nous avons été très impressionnés par leur optimisme face à l’avenir. Et nous avons compris qu’avec ces dizaines de millions de jeunes gens compétents et ouverts au monde, l’avenir de la Chine était assuré. Leur rêve n’était plus de se rendre à l’étranger mais plutôt de faire prospérer leur pays natal.

 

Quant au petit village de Futian où j’ai passé ma première nuit en Chine dans des conditions plus que spartiates, il se trouve désormais au centre du district de Shenzhen. Il fait aujourd’hui partie intégrante d’une immense métropole de plus de 12 millions d’habitants, symbole de l’ouverture de la Chine. Enregistrant chaque année une croissance à deux chiffres, Shenzhen, c’est à la fois la Silicon Valley de la Chine et une future grande place financière, appelée à concurrencer Hong Kong. Ce miracle, nous le devons à Deng Xiaoping qui ordonna la création à Shenzhen de la première Zone économique spéciale de Chine. Un concept « révolutionnaire » qui effectivement révolutionna la société et l’économie chinoise.

 

Dans un futur proche, en application de la politique visionnaire de son président Xi Jinping inspirée de la sagesse chinoise, la Chine a lancé l’initiative « la Ceinture et la Route » qui, à terme, reliera par les airs, par les terres, par les mers et les océans, et par l’espace, les continents asiatique, européen, africain, sans oublier le continent américain, l’Asie du Sud-Est et l’Océanie. L’émergence de ce nouveau continent Chine-Europe-Afrique stimulera l’essor des peuples grâce à des échanges économiques équitables, des échanges culturels renforcés et respectueux des autres, et une croissance inclusive où personne ne sera oublié.

 

Dans moins d’une décennie, grâce à l’intelligence artificielle et aux grandes avancées scientifiques et technologiques telles que la 5G, la Chine sera un pays connecté, un pays de l’innovation continue et de la créativité permanente, tant dans le domaine artistique qu’industriel. La Chine de demain, c’est un pays où la population sera hautement éduquée, où l’économie numérique associée aux véhicules autonomes à énergie nouvelle connaîtra une expansion sans précédent. La médecine traditionnelle chinoise, combinée à la biotechnologie, sera normalisée et se répandra dans tous les pays, devenant une alternative fiable et efficace à la médecine occidentale. La Chine de demain, c’est la maîtrise de l’espace et la cybersécurité. La Chine du futur, c’est une société de moyenne aisance, débarrassée des tourments de la corruption, où tous les habitants vivront dans la paix, la stabilité et l’harmonie selon les principes de la sagesse millénaire chinoise.

 

Sur le plan extérieur, la Chine sera plus ouverte que jamais, œuvrant à la construction d’une communauté de destin dans laquelle chaque continent et chaque peuple du monde aura sa place. Le dialogue entre les civilisations continuera de se nourrir et de s’enrichir mutuellement, favorisant la paix et la compréhension entre les peuples. Par sa politique clairvoyante, la Chine contribuera, dans la nouvelle ère, à mettre en place une forme inédite de multilatéralisme basée sur le principe gagnant-gagnant permettant de construire un monde plus équilibré, où les anciennes civilisations seront revalorisées.

 

En tant que Chinois d’outre mer, je suis immensément fier que le pays de mes ancêtres soit à l’origine de ce grand bouleversement mondial conduisant à l’émergence d’une nouvelle civilisation harmonieuse respectant la diversité des peuples.

 

*FRANÇOIS FOCK-YEE est un chirurgien gynécologue retraité.

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