Les meilleurs entraîneurs chinois et leur surnom

DE YONGJIAN

Les athlètes sont naturellement un centre d’intérêt pour le public, mais leurs entraîneurs se retrouvent souvent aussi sous les feux de la rampe, suscitant un intérêt mondial sans précédent pour les institutions sportives du pays. Après avoir aidé des athlètes ou leur équipe à effectuer des percées dans beaucoup de disciplines qui, auparavant, semblaient même offrir peu de perspectives de médailles, ces entraîneurs chinois sont aujourd’hui identifiés comme les meilleurs du pays et comme les sources d’inspiration de la Chine en quête de l’or aux Jeux de Beijing 2008.
Yuan Weimin, l’Impitoyable
Yuan Weimin, 69 ans, a été l’entraîneur en chef de l’Équipe nationale féminine de volley-ball de 1976 à 1984. En 1981, son équipe a remporté la Coupe du monde de volley-ball féminin, devenant ainsi la première en Chine à avoir remporté un championnat du monde dans une épreuve collective. Au cours des années qui ont suivi, elle a gagné le Championnat du monde de volley-ball féminin (1982) et a remporté la première médaille d’or olympique de volley-ball féminin de la Chine (1984).
Yuan Weimin est né et a passé son enfance à Suzhou – une ville dont le doux climat est légendaire. Cependant, ce climat agréable ne semble pas avoir déteint sur cet homme. En effet, presque toutes les membres de l’équipe le considéraient comme un entraîneur « impitoyable ». À ce propos, l’une des joueuses se souvient que, pour aider les membres de l’équipe à surmonter leur crainte des smashs, Yuan avait ordonné à ses assistants de se tenir sur une plateforme et d’utiliser toute leur force pour frapper des ballons vers les joueuses. Même le fait de voir les joueuses couvertes de bleues ne le dissuadait pas. Méthode brutale, pourraient prétendre certains, mais il n’en demeure pas moins que les joueuses ont cessé d’avoir peur des smashs.
Les assistants de Yuan se souviennent encore que les meilleures joueuses de l’équipe s’entraînaient jusqu’à minuit et combien elles s’en plaignaient amèrement. Certaines des filles cherchaient régulièrement à se venger en lui jouant des tours pendant les entraînements, mais cet homme n’était pas quelqu’un avec qui l’on badinait.
En dépit de sa sévérité, il comprenait bien les sentiments de ses joueuses et savait instinctivement ce qui était le mieux pour elles. Pendant les JO de Los Angeles, l’attention des médias avait donné à l’une de ses meilleures joueuses une opinion un peu trop forte d’elle-même, ce qui l’avait distraite du jeu et entraîné une performance très médiocre. Connaissant le caractère de la joueuse, Yuan l’a corrigée avec quelques mots bien choisis. Cette joueuse a pleuré ouvertement, mais en même temps, ces réprimandes ont ranimé sa combativité et elle a finalement apporté une très grande contribution au jeu d’équipe.
Le succès de l’équipe féminine de volleyball est maintenant considéré comme l’une des premières réalisations du début de la politique de réforme, et son influence s’est étendue bien au-delà des sports. « L’esprit du volley-ball féminin » est devenu un concept largement suivi, et l’équipe a servi d’exemple pour tous.
Après les Jeux de Los Angeles, Yuan est devenu un fonctionnaire du sport. En avril 2000, il a été nommé directeur de l’Administration générale de la culture physique et du sport de Chine, ce qui en a fait le premier fonctionnaire à ce poste ayant une expérience d’entraîneur. Il a quitté cette fonction en décembre 2004.
Sun Haiping, le Sage
Depuis une décennie, en tant que représentant de la jeune génération d’entraîneurs de la Chine, Sun Haiping est l’entraîneur de Liu Xiang « l’Homme volant de la Chine ». Liu, qui a gagné la médaille d’or aux 110 m haies (hommes) aux JO 2004 d’Athènes, est le premier Asiatique à avoir remporté cette épreuve. En 2006, il a pulvérisé le record mondial en 12,88 s. En 2007, lors des Championnats mondiaux d’athlétisme, il a remporté de nouveau le championnat. Liu est généralement acclamé comme un prodige du saut. Ainsi, comme entraîneur, Sun Haiping s’est avéré être davantage un éducateur qu’un simple entraîneur. Fervent de recherches sur les techniques sportives et grâce à ses vastes connaissances en athlétisme, Sun a veillé à développer le talent de Liu.
En 1999, à l’Indiana State University (États-Unis), Sun a poursuivi des études plus poussées sur la théorie des sports de saut. Grâce à ses recherches assidues, il a découvert le point fort grâce auquel Liu Xiang pouvait battre ses concurrents occidentaux – le rythme du saut. Guidé par la formation de Sun, Liu Xiang, qui a un talent inné pour le rythme naturel de la course, est devenu le meilleur coureur aux 110 m haies (hommes). À cause de cet avantage et malgré un physique relativement inférieur, Liu a été en mesure de vaincre des adversaires plus puissants. Voilà comment il a réussi à pulvériser le record du monde des 110 m haies (hommes) en 2006, record qui n’avait pas été battu depuis 13 ans.
La sagesse de Sun Haiping imprègne également la routine quotidienne d’entraînement de Liu. Étonnamment, ce dernier n’est pas particulièrement laborieux dans la pratique de ses exercices quotidiens – pas plus de trois heures par jour. Selon l’opinion de Sun, le secret pour encourager un joueur d’élite à se dépasser est de s’entraîner dans la joie. C’est ainsi que Sun ne jure que par sa théorie de « l’entraînement dans la joie ».
En mars 2008, Liu Xiang a remporté le prix des 60 m haies (hommes) aux Championnats du monde en salle, démontrant encore une fois sa suprématie. On s’attend à ce que cet athlète chinois très important participe aux JO de Beijing et défende son titre de champion, bien évidemment sous la houlette de Sun Haiping.
Cai Zhenhua, l’Invincible
Cai Zhenhua a été entraîneur de l’équipe chinoise masculine de ping-pong, dont entraîneur-chef de 1989 à 2004. Sous sa direction, l’équipe a remporté coup sur coup la médaille d’or de l’épreuve de ping-pong, tant aux JO de 1996 qu’à ceux de 2000. Un exploit unique parmi les équipes chinoises.
En fait, c’est Cai qui a fait que l’équipe est passée de la frustration à la victoire. En 1989, après avoir perdu la compétition lors des Championnats du monde de ping-pong, l’équipe nationale était dans le creux de la vague. Le « sport national de la Chine » était en pleine déprime dans le pays. Aux Championnats du monde de ping-pong de 1991, l’équipe masculine s’était classée septième et l’équipe féminine avait été vaincue par une équipe coréenne unifiée, la première défaite en 16 ans. Au pays, leurs mauvaises performances avaient été sévèrement critiquées.
Comme Cai l’évoque, les défaites répétées de l’équipe chinoise contre des joueurs européens avaient sapé l’assurance des meilleurs pongistes. Cependant, six mois seulement après avoir pris le poste d’entraîneur-chef, Cai a fait triompher son équipe face aux puissantes équipes européennes, raflant le titre par équipes aux compétitions de la Coupe du monde. Cette victoire a redonné de l’élan aux joueurs.
Les Championnats mondiaux de ping-pong de 1993 ont eu lieu à Tianjin (Chine) et, sous la direction de Cai, l’équipe masculine a non seulement regagné le titre par équipes après quatre ans, mais a également remporté tous les championnats individuels, marquant le début du soi-disant « voyage invincible » de cette équipe. En une décennie, l’équipe nationale a raflé toutes les médailles d’or olympiques ainsi que tous les titres (sept au total) aux Championnats mondiaux de ping-pong de 2001.
Toutefois, Cai a payé un prix élevé pour sa série de succès. En 1996, à la veille des JO d’Atlanta, les blessures que Cai avait subies à la taille ont empiré en raison du surmenage, et il a dû subir une chirurgie. Le médecin lui avait instamment recommandé d’avoir une convalescence tranquille, sinon il risquait d’être paralysé à vie. Cai a toutefois insisté pour se rendre sur les lieux de la compétition, guidant les membres de l’équipe alors qu’il était étendu sur une table et accablé de douleur. « Je suis prêt à rester au lit pour le reste de ma vie pourvu que je puisse diriger l’équipe maintenant », lança-t-il, sans discussion possible.
Après les JO d’Athènes, en 2004, Cai a quitté son poste d’entraîneur-chef et a été nommé officiel d’athlétisme responsable du ping-pong. En avril 2007, il a été promu au poste de directeur général adjoint de l’Administration générale de la culture physique et du sport de Chine.
Yu Fen, la Tenace
La plupart des gens connaissent probablement peu le nom de Yu Fen, mais Fu Mingxia (sa protégée) est bien connue. Selon Yu, Fu Mingxia, qui a remporté le championnat de plongeon à l’âge de 12 ans, est « l’œuvre la plus accomplie de sa vie ».
Après avoir étonné le monde en 1990, Fu a remporté les médailles d’or aux JO de Barcelone et d’Atlanta. En 2000, après un retrait de trois ans, Fu Mingxia est revenue pour participer aux JO de Sydney, raflant la médaille d’or au plongeon synchronisé tremplin 3 m. Elle est non seulement la principale gagnante de médailles d’or olympiques de la Chine, mais a également fait deux fois la couverture du Time (édition de l’Asie).
Étant donné sa légère malformation au pied, Fu Mingxia ne semblait pas, de prime abord, représenter un véritable espoir; pourtant, elle a remporté un énorme succès. De plus, elle avait commencé à plonger à l’âge de 9 ans, ce qui, dans cette discipline, est un peu tard. Cependant, Yu Fen n’a pas tenu compte de ce type de désavantages et a insisté pour entraîner elle-même Fu Mingxia. Après trois ans de cet entraînement, Fu a réalisé son coup d’éclat.
C’est la ténacité qui a aidé Yu Fen à découvrir le talent de Fu en plongeon, mais son approche stricte a fait en sorte que les relations entre les deux étaient passablement tendues. Pendant son adolescence, Fu Mingxia avait eu une croissance rapide, tant sur les plans psychologique que physique. Elle avait pris trop de poids pour avoir une bonne performance. Parallèlement, elle était une adolescente rebelle typique, et son entêtement l’a fait rater l’entraînement plus d’une fois. Peu satisfaite du rendement de Fu, Yu Fen l’avait sévèrement confrontée, allant même jusqu’à la gifler. À ce moment-là, le nom de Fu Mingxia avait pratiquement été retiré de la liste des membres de l’équipe nationale, faute d’enthousiasme.
En 1997, Fu Mingxia a décidé de prendre sa retraite, alors que Yu Fen a choisi de quitter l’équipe nationale de plongeon et de mettre sur pied une autre équipe à l’université Tsinghua. Trois ans plus tard, Yu a aidé Fu Mingxia à remporter la médaille d’or à Sydney.
Chen Zhonghe, le Souriant
En tant qu’entraîneur-chef de l’équipe féminine chinoise de volley-ball, Chen Zhonghe a mené cette équipe au championnat lors de la Coupe du monde de volley-ball féminin en 2003. En 2004, l’équipe a remporté l’or aux JO d’Athènes, la seule médaille d’or de la Chine cette année-là dans une épreuve par équipes.
Que l’équipe gagne ou perde, Chen est toujours souriant. Pendant le match final aux JO d’Athènes, l’équipe chinoise avait perdu les deux premiers sets, mais Chen souriait comme d’habitude, un contraste frappant avec l’entraîneur-chef russe particulièrement « grognon ». L’équipe chinoise a finalement remporté le match. Par la suite, les médias ont qualifié le sourire de Chen de « sourire de Mona Lisa ».
Ce sourire est largement connu, surtout depuis qu’il est devenu entraîneur-chef de l’équipe en 2001. Lorsqu’on lui demande pourquoi il sourit toujours sur le terrain, il dit qu’il serait difficile pour les membres de l’équipe de bien saisir ses intentions s’il ne faisait que hurler. Il déclare que son but est le suivant : « Inspirer les joueurs à faire de leur mieux en utilisant seulement un clin d’œil ou un seul mot. »
Cependant, la vie de Chen a également connu son lot de tristesse. En 1992, pendant qu’il se préparait pour les JO de Barcelone en tant qu’aide-entraîneur, sa femme est décédée dans un accident de voiture. Quatre ans plus tard, peu avant l’ouverture des JO d’Atlanta, sa mère est tombée gravement malade. Et en 2004, à un moment crucial de la préparation pour les JO d’Athènes, une de ses principales joueuses s’est fracturé la jambe droite. On dit que Chen a même pleuré quand il lui a rendu visite.
Actuellement, Chen Zhonghe encourage l’équipe à faire vraiment de son mieux pour conserver le titre de championne olympique. La joueuse principale a retrouvé sa bonne forme et a ainsi pu rejoindre l’équipe. Réagissant aux espoirs qu’on fonde sur lui, après avoir gagné le Championnat du monde en 2003, l’entraîneur a fait la déclaration suivante : « S.V.P, ne me jugez pas comme un perdant quand je perds, ni comme un homme qui est bon dans tout quand je réussis. »
Ma Junren, le Légendaire
Aux JO d’Atlanta de 1996, Wang Junxia a remporté la médaille d’or à la course de 5 000 m (femmes) et la médaille d’argent à l’épreuve de 10 000 m (femmes). Elle a été la première championne olympique chinoise à la course de fond.
À cette époque, Ma Junren dirigeait l’équipe féminine de courses de fond et de demi-fond du Liaoning. Aux 7es Jeux nationaux, l’équipe de Ma a pulvérisé les records mondiaux dans les épreuves des 1 500 m, 3 000 m et 10 000 m (femmes); les agences de presse étrangères ont alors donné à ces records le qualificatif de « miracle dans le monde de l’athlétisme ».
Ma Junren, le « faiseur de miracles » est une légende. Il a d’abord été professeur d’éducation physique dans un lycée de la province du Liaoning, puis est devenu entraîneur amateur d’athlétisme. En 1986, quatre de ses athlètes ont raflé les quatre premières places lors de la Course de fond mondiale des 3 000 m pour lycéens. Deux ans plus tard, il est devenu l’entraîneur professionnel de l’Équipe féminine de courses de fond et de demi-fond du Liaoning, menant les membres de son équipe à établir trois records mondiaux.
Ma Junren pratique une méthode de formation unique. Il étudie attentivement la bionique et optimise l’action des athlètes en imitant les façons de courir des animaux. Par exemple, il incite ses sportifs à observer la course des cerfs, des autruches et des chevaux pour découvrir une façon de courir qui soit à la fois rapide et économe en efforts.
De plus, cet entraîneur a une compréhension complète de l’acupuncture, du massage et de la médecine chinoise traditionnelle. Il fait cuire des aliments nourrissants et prépare des toniques afin de fournir aux athlètes l’énergie dont ils ont besoin pour endurer un entraînement intensif et recouvrer rapidement leurs forces. Après avoir atteint la renommée en 1993, Ma a reçu une demande pour agir comme image d’une entreprise de produits de santé. Il a quitté l’entraînement en novembre 1996. ?
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