« C’est comme une grande réunion de famille »

ZHANG HONG

—Les JO 2008, aux yeux de Deng Yaping

En tricot orange et rouge, souriante et douce, la championne olympique de ping-pong Deng Yaping est différente de celle qu’on a vue lutter férocement pour la victoire.

Elle imagine que la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de 2008 ressemblera à celle de Sydney, qui l’avait touchée profondément, car elle était l’une de celles qui portaient la Flamme olympique. Elle se souvient que les gens de l’endroit avaient placé des tables et des chaises sur les trottoirs pour célébrer ce grand rassemblement des sportifs du monde. « C’était comme une grande réunion de famille », évoque la championne olympique.





Les Jeux olympiques ont changé sa vie


Elle se souvient encore d’un petit garçon de Sydney. Il se tenait près d’elle et lui a demandé avec envie de toucher au flambeau qu’elle tenait dans sa main, ce qu’elle a accepté. « Je n’oublierai jamais à quel point les yeux de ce garçon ont brillé au moment où il a touché le flambeau », raconte-t-elle.

Ce bon souvenir l’amène à imaginer à quel point les Jeux olympiques de Beijing devraient être colorés. Depuis la naissance des JO modernes en 1896, c’est la première fois que la Chine organise les Jeux olympiques. « Les yeux du monde entier seront tournés vers elle », déclare la championne.

L’approche des JO fait chaud au cœur de la jeune femme. Cependant, celle-ci affirme que le BOCOG et les sportifs chinois doivent s’acquitter d’une lourde mission.

Quatre fois médaillée d’or lors de deux éditions des JO (Barcelone en 1992 et Atlanta en 1996), Deng Yaping est devenue une des pongistes les plus remarquables dans le monde au XXe siècle.

« Quand je faisais de la compétition, tous mes sentiments étaient orientés vers cette petite table de ping-pong, et je sentais la pression et la férocité de la compétition sportive », avoue-t-elle.

Ce sont les Jeux olympiques qui ont changé la vie de cette sportive. Pour le moment, elle fait son doctorat à l’université de Cambridge, en Angleterre, et le thème de sa thèse est lié aux JO : Recherche sur les marques olympiques. Le CIO est un organisme à but non lucratif, mais il est relativement riche. Quelle force peut pousser les gens et les entreprises à se rassembler autour des Jeux? Ses études sur les Jeux olympiques lui font prendre de plus en plus conscience de la signification profonde des JO et dans quelle mesure ils sont un événement grandiose. Elle confie que sa vie professionnelle future leur sera étroitement liée. « L’économie et la culture olympiques seront des sujets de recherche durant toute ma vie. »


Chaque individu est « l’ambassadeur » de l’image de Beijing


Que signifient les Jeux olympiques pour un pays? C’est une question à laquelle la championne réfléchit souvent.

Les Jeux olympiques de Séoul, en 1988, ont animé l’économie de la République de Corée et ont promu dans le monde entier ses marques nationales, dont Samsung. Deng Yaping est consciente de la grande influence des JO. D’après elle, ceux de Beijing seront non seulement une occasion de faire mieux connaître la Chine au monde, mais ils exerceront en plus une grande influence sur le pays dans tous les domaines.

« Pendant les Jeux olympiques d’Athènes, plus de 4 milliards de téléspectateurs sont restés les yeux rivés sur l’écran pendant la cérémonie d’ouverture. L’attrait des JO est étonnant; ils peuvent attirer l’attention des quatre cinquièmes des habitants de la planète. Cela illustre bien l’attrait des JO », affirme la championne.


Deng Yaping, lors de la cérémonie officielle de dévoilement des médailles des Jeux olympiques de Beijing 2008.
Pendant les sessions de l’Assemblée populaire nationale et du congrès du Parti communiste chinois en 2007, elle a proposé de saisir l’occasion de la tenue des JO de Beijing pour augmenter la « capacité immatérielle » de la Chine. « L’aménagement des terrains de sport et l’installation des équipements vont bien, et le CIO a approuvé les travaux », dit la championne, maintenant directrice adjointe du Centre de l’équipement relevant de l’Administration générale de la culture physique et du sport de Chine.

« Cependant, la “capacité immatérielle” est le seul problème qui m’inquiète pour la Chine. En 2008, il y aura plus de 500 000 étrangers qui vont venir à Beijing. “Comment accueillir ces visiteurs” est donc une question de grande importance pour le BOCOG et pour les habitants de Beijing. » À l’époque du dépôt de la candidature de Beijing pour les JO de 2008, j’étais l’ambassadrice de l’image de la ville. J’ai alors découvert que les Occidentaux connaissent peu notre pays. Comment leur faire connaître la Chine, les Chinois et notre culture? Cette mission ne peut pas dépendre seulement de quelques ambassadeurs. »

Pour prouver l’importance du « cadre immatériel », elle nous donne un exemple. « Quand je participais à une compétition ou faisais mes études à l’étranger, les chauffeurs de taxi locaux faisaient des détours pour gagner plus d’argent. Il ne savait pas que je connaissais bien la route. Je suis restée marquée par cette attitude peu courtoise. »

« Les habitants sont l’image d’une ville. Ainsi, pour les voyageurs étrangers, chaque Chinois qu’ils rencontrent représente la Chine », dit-elle.

Alors qu’elle travaille aussi pour le CIO, elle connaît bien l’importance des appuis de toute la société pour le sport. Elle nous explique : « Le “cadre immatériel” représente l’influence d’un pays dans les domaines de la diplomatie, de la culture, des us et coutumes, de l’idéologie et de la philosophie. »

« Les JO sont une occasion exceptionnelle, mais comment bien mettre à profit cette occasion? » Deng Yaping encourage tous les habitants de Beijing à être des ambassadeurs de cette ville olympique.


Ce n’est pas tout d’obtenir une médaille d’or


Les Jeux olympiques auront lieu bientôt, et la pression pour décrocher des médailles d’or se fait de plus en plus forte. Cette championne affirme avec lucidité : « La délégation des sportifs chinois voudra se classer première pour le nombre de médailles d’or, mais ce n’est pas ce qui est le plus important. »

« Pour un sportif, c’est un événement heureux de participer à des JO organisés dans son pays, explique-t-elle, et pour un sportif chinois, faire la compétition dans son propre pays est à la fois une motivation et une pression. » La championne espère que la population chinoise créera une bonne ambiance pour les sportifs.

« J’espère que tout le monde, autant les organisateurs que les participants et les habitants de Beijing, aura une bonne attitude devant le résultat final. En fait, l’importance n’est pas le résultat de la compétition, et les JO ne sont pas seulement les affaires des organisateurs et des participants. Notre but est de montrer au monde le développement qu’a connu la Chine depuis les sept années qui se sont écoulées depuis le dépôt de sa candidature. Nous poursuivons sans relâche ces efforts de développement. »

Maintenant, la presse s’intéresse beaucoup à la préparation des sportifs chinois, et d’après beaucoup de reportages, la délégation chinoise sera celle qui remportera le plus de médailles d’or aux JO 2008. Selon Deng Yaping, ces reportages donnent une fausse impression, tant aux Chinois qu’aux étrangers, et ils nous éloignent de notre but véritable : l’organisation des JO. En tant que championne olympique, elle connaît bien l’importance des médailles, mais elle a également éprouvé la pression qu’il y a derrière celles-ci. « Chacun voulait gagner, et plus de rivalité provoque plus de pression », soupire-t-elle.

À l’étranger, les États-Unis et la Russie ont investi plus d’argent, de temps et d’énergie qu’autrefois pour préparer les JO 2008. Deng Yaping propose de bien prendre en considération la santé psychique des sportifs chinois et de leur créer un bon environnement pour obtenir les meilleurs résultats.

« La presse ne doit pas exagérer la portée politique d’une médaille. Si on dit que le succès de l’équipe féminine chinoise de volley-ball est le succès du pays, comment juge-t-on l’échec des équipes chinoises masculines de football et de volley-ball? » commente-t-elle.

Selon elle, le BOCOG n’a besoin que d’environ 10 000 volontaires lors des JO de Beijing, alors qu’il y a plus de 350 000 personnes qui se sont inscrites. Que tellement de personnes soient intéressées, c’est précisément l’esprit olympique – la participation de chacun.

Quel est l’attrait des Olympiques? Des épreuves sévères, des défis difficiles, la volonté et la confiance en soi... D’après Deng Yaping : « Les Jeux olympiques font appel aux aspects les plus beaux de la nature humaine. »

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