Un changement progressif

Un simple volontaire devenu délégué

À la mi-juin, M. Xu Benyu, volontaire au Zimbabwe, a reçu un court message sur son téléphone portable : « Félicitations! Vous êtes élu délégué au XVIIe Congrès du PCC. » En lisant cette nouvelle, M. Xu a eu de la difficulté à contenir ses émotions. Âgé de 25 ans seulement et membre du Parti depuis cinq ans, il est étudiant à la maîtrise au Département de gestion de l’économie agricole, à l’Université d’agriculture Huazhong (Hubei) .

Né dans une famille pauvre, c’est par Internet que M. Xu s’est fait connaître comme un volontaire d’origine modeste. Pendant ses études universitaires, il tenait à faire don de ses bourses d’études aux enfants pauvres des régions montagneuses. Il lui est même arrivé de décliner l’offre de faire des études de maîtrise pour être plutôt professeur volontaire dans une région pauvre. Il a aussi établi une fondation d’aide à l’éducation et fondé des organisations d’intérêt public. « Il fait tout pour aider les autres », disent ses collègues de classe. En 2005, il a été élu l’une des dix vedettes nationales de la cause d’intérêt public. C’est à partir de ce moment qu’il a commencé à nourrir le désir de devenir, un jour, délégué du congrès du Parti ou délégué de l’assemblée populaire.

Des 60 candidatures, il est le seul à avoir remporté le titre de candidat recommandé par le Hubei. Il répète toujours qu’il n’avait jamais pensé pouvoir, un jour, se voir conférer cet honneur. « Je croyais que, pour devenir délégué au Congrès, il fallait avoir obtenu de grands succès dans son travail. Or, je suis actuellement sans profession et sans travail. Comment aurais-je pu devenir délégué? » Et son questionnement est bien normal. Le Congrès du Parti est l’organe suprême de direction du PCC et il se tient une fois tous les cinq ans. Son contenu principal touche l’orientation à suivre par le Parti et par l’État en matière de développement. À travers un processus d’élection en trois étapes, les 2 217 délégués au XVIIe Congrès sont sélectionnés parmi les plus de 70 millions de membres du PCC. « Le processus est démocratique, mais aussi relativement complexe », nous avoue M. Hu Shouqiang, chargé de ce travail à l’Université d’agriculture Huazhong.

Les délégués proviennent de toutes les couches de la société. Par rapport à ceux des congrès précédents, au XVIIe, ils sont plus jeunes et plus instruits.

Un processus plus démocratique

Dans les années 1930, Mao Zedong avait dit : « La Chine manque de beaucoup de choses, dont deux qui sont essentielles : indépendance et démocratie. La Chine ne peut pas bien fonctionner s’il manque une de ces deux choses. » Au cours des années 1940, le PCC a mis en place quantité de gouvernements locaux élus démocratiquement, et ceux-ci ont été bien accueillis par les paysans.

Vers la fin des années 1980, à deux reprises, le PCC a procédé à des réformes du système de nomination des cadres en utilisant la méthode dite « que la campagne encercle la ville ».

Depuis cette époque, à la campagne, la Chine a commencé à pratiquer le système démocratique pour l’élection du comité des villageois, système qui, plus tard, a été entériné par la loi. À la fin du XXe siècle, dans plus de 90 % des régions de Chine, on a mis en place le comité des villageois, mesure qui a suscité l’enthousiasme des paysans pour l’élection démocratique du gouvernement cantonal, l’organe gouvernemental du plus bas échelon administratif en Chine. À ce moment-là, la Chine comptait quelque 40 000 cantons dont les dirigeants étaient recommandés par des organismes qui n’avaient rien à voir avec l’opinion de la population. Ne regardant que l’intérêt de leur poste de direction, les responsables de ces organismes n’étaient pas sensibilisés au fait d’avoir à se soumettre au contrôle populaire.

À partir de 2004, le PCC a avancé une série de lois et politiques régissant la promotion et la désignation des cadres du gouvernement et du Parti; à cela se sont ajoutés des décisions, méthodes et règlements temporaires sur les détails du travail de sélection et de désignation des cadres. Ce travail est ainsi parvenu au stade de la législation et a suivi la procédure régulière.

D’après la politique du PCC visant à « faire valoir pleinement la démocratie et consulter l’opinion de la population », 15 % des délégués du XVIIe Congrès sont issus de l’élection au scrutin majoritaire, soit 5 % de plus que ceux du dernier congrès. En plus d’afficher un avis sur l’examen des candidats pour recueillir les opinions du public avant de déterminer la liste préparatoire des candidats, il faut aussi faire un compte rendu de cette liste aux partis démocratiques, à la Fédération de l’industrie et du commerce et à des personnes non liées à un parti et écouter leurs avis.

Plus jeunes et plus professionnels

Dans les années 1980, le gouvernement chinois avait déjà demandé le rajeunissement des cadres et une amélioration de leur niveau professionnel. Désormais, en plus des critères politiques, on met aussi l’accent sur la capacité professionnelle. « On a obtenu de grands succès dans ce domaine. La troisième génération des cadres a rapidement rempli les lacunes laissées par les cadres plus âgés qui manquaient de connaissances professionnelles », a déclaré M. Wang Changjiang, docteur de l’école du Parti relevant du CC. Beaucoup de cadres formés dans les années 1980 assument aujourd’hui des postes de direction de niveau intermédiaire ou supérieur.

L’apparition de cadres plus jeunes et plus compétents professionnellement a, dans une certaine mesure, rompu avec le système d’ancienneté dans la sélection des cadres : pour être cadre, le seuil d’entrée est plus bas, mais les critères exigés en matière de capacité professionnelle sont plus rigoureux et sévères. Ce changement a causé des chocs et exercé des pressions psychologiques sur les fonctionnaires. Selon un sondage effectué auprès des cadres à l’échelon du district et au-dessus, avant la tenue du dernier congrès, 35,7 % d’entre eux avouaient ne pas être assez compétents pour faire face à des situations complexes.

D’après Mme Liu Yandong, chef du Département du Front uni du Comité central du PCC, le PCC doit élargir la voie afin de sélectionner, dans de nouvelles couches sociales et chez des personnes ayant étudié à l’étranger par exemple, des délégués ne faisant pas partie du PCC. Dans tous les domaines, le Parti doit s’efforcer de former des élites répondant à la fois aux critères politiques et professionnels. C’est dans ce contexte qu’un nombre de cadres satisfaisant à ces exigences ont été promus assez rapidement à des postes de direction aux échelons ministériel et provincial. Le Quotidien du Hunan, un journal local, a exprimé dans un éditorial : « Certes, la grande époque de l’accès de ces personnes aux hautes fonctions du PCC n’est pas encore arrivée, mais le courant est déjà là, ils occupent déjà des fonctions ministérielles. » M. Yu Bin, docteur de l’Université Wittenberg des États-Unis, a donné son évaluation à ce propos : « Beaucoup de postes de direction du PCC sont déjà occupés par des gens qui ont, soit étudié ou passé de courts séjours de visite ou d’inspection à l’étranger, soit obtenu des diplômes de maîtrise ou de doctorat dans des universités étrangères. »

Caractéristiques des délégués au XVIIe Congrès

Plus jeunes

Âge Nombre Pourcentage Par rapport au Congrès de 2002
Moins de 55 ans 1 561 70,4 +7,2 %
Moins de 45 ans 416 18,8 +0,8 %

 

 

 

Plus instruits

Niveau de scolarité Nombre Pourcentage Par rapport au Congrès de 2002
Niveau universitaire et post-universitaire 2 068 90,3 +1,6 %

2e cycle du secondaire et moins
(y compris lycée professionnel)

149 6,7 -1,6 %

 

 

 

Plus de représentation féminine

En tout, 445 déléguéses, soit 20,1 % du nombre total des délégués, participeront au Congrès, c’est-à-dire 63 déléguées de plus qu’au dernier congrès.

Plus de délégués des ethnies minoritaires

Représentant 10,9 % du nombre total, 242 délégués issus des ethnies minoritaires prendront part au Congrès ; c’est 12 délégués de plus qu’au dernier congrès.

Mode de sélection des délégués

Les 2 217 délégués au XVIIe Congrès sont élus parmi les plus de 70 millions de membres que compte le Parti communiste chinois. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des organisations de base du Parti et 98 % du nombre total des membres du Parti doivent participer au processus de recommandation de la liste préparatoire des délégués.

Conformément aux conditions locales particulières, les provinces, régions autonomes et municipalités procèdent à la recommandation de la liste préparatoire selon plusieurs méthodes :

1. Recommandation du nombre total des candidats que le Comité central du PCC leur a confiés. Les provinces, régions autonomes et municipalités soumettent le nombre des candidats alloués par le Comité central du PCC aux unités électorales de base, à commencer par la cellule de base du Parti.

2. Recommandation d’un nombre de candidats plusieurs fois supérieur (pas plus de cinq fois en général) au nombre alloué par le Comité central du PCC. Le nombre des candidats soumis aux unités de base varie selon les conditions réelles de ces dernières.

3. Liste préparatoire. Conformément à l’avis de la majorité des membres, la cellule de base du Parti recommande la liste des candidats au comité de base du Parti, et celui-ci, selon les avis des cellules de base, décide de la liste préparatoire des candidats et la retourne à ces cellules pour redemander leur avis avant de rapporter la liste au comité du Parti du district.

4. Processus de consultation. Selon les avis des comités de base, le comité du Parti du district, décide de la liste préparatoire des candidats et la retourne aux comités de base pour redemander leur avis avant de la soumettre au comité du Parti de la municipalité et ainsi de suite. Le comité de la municipalité passe la liste à la commission électorale de l’unité supérieure et, le cas échéant, cette liste peut aussi être retournée aux unités de base pour être réétudiée.

Quel est l’âge de la retraite des cadres chinois de direction ?

Dans les années 1980, Deng Xiaoping a fait supprimer le sys-tème de l’emploi à vie des cadres dirigeants. Actuellement, l’âge de la retraite des dirigeants du Comité central du PCC est d’environ 70 ans, 65 ans pour les directeurs des échelons ministériel et provincial, 60 ans pour leurs adjoints. En général, les cadres de plus de 50 ans ne seront plus promus à des postes de direction à l’échelon du district.

Ministres actuels ayant étudié à l’étranger

M. Hua Jianmin, conseiller d’État et secrétaire général du Conseil des affaires d’État, a suivi, de juin à septembre 1982, un stage technique sur les turbines aux États-Unis.

M. Yang Jiechi, ministre des Affaires étrangères, a fait des études en relations internationales à la London School of Economic and Political Science, de janvier 1973 à juin 1975.

M. Zhou Ji, ministre de l’Éducation, a étudié au département des travaux mécaniques de la State University of New York (Buffalo), en 1980, et il y a obtenu une maîtrise et un doctorat.

M. Chen Zhu, ministre de la Santé publique, a obtenu, en 1989, un doctorat à l’Université Paris VII. Il est membre de l’Académie des sciences pour les pays du tiers monde, de l’Académie des sciences de France, membre de nationalité étrangère de l’European Academy of Sciences et du National Academy of Science des États-Unis.

M. Wan Gang, ministre des Sciences et Techniques, a fait ses études à l’Université technique Clausthal d’Allemagne et y a obtenu un doctorat.

M. Xie Fuzhan, directeur de l’Administration nationale des statistiques, a été chercheur à la Princeton University des États-Unis de 1991 à 1992.

M. Tian Lipu, directeur de l’Administration nationale de la propriété intellectuelle, a fait des études et des recherches dans des établissements allemands et européens liés aux brevets.

M. Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque populaire de Chine, a fait ses études aux États-Unis.