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Passer ses vieux jours chez soi ou dans un foyer pour personnes âgées
ZHANG XUEYING
Mme Gao Yuhua vit depuis 18 ans à la Maison du bonheur pour personnes âgées (Nº 1) de Beijing. Il y a 20 ans, cette dame a été atteinte dun cancer, mais à la voir maintenant, il est difficile dassocier le mot malade avec cette personne. « Je navais jamais eu lintention de venir ici; jai une famille. Mais voilà, jy suis. »
Les foyers sous gestion publique
En 1989, Mme Gao avait fait une demande pour aller habiter dans cette Maison, mais elle ne sy est vraiment installée que cinq ans plus tard. « Un jour, je me suis sentie mal, alors que jétais seule à la maison. Jai alors réalisé que ce serait mieux de vivre dans un foyer pour personnes âgées. Sil marrivait de ne pas me sentir bien, je naurais alors quà appuyer sur le bouton de la sonnerie pour appeler une infirmière qui arriverait deux minutes plus tard. Une per-sonne malade peut même prendre un repas spécialement préparé pour elle », déclare Mme Gao. Daprès elle, cest pour ce type de raisons que la plupart des personnes âgées sont obligées daller habiter dans ce genre de foyer. Mme Zhang Luzhi, directrice de cette maison, acquiesce: « Ici, lâge moyen des pensionnaires est de 82 ans, et le tiers sont des personnes âgées qui vivaient seules auparavant. » Mari et femme, Wang Xueshu et Ji Yuliang y sont arrivés après le décès de leur fils. Ils vivaient dans un appartement de 70 m2. « Ici, nous payons près de 4 000 yuans par mois, incluant les frais de nourriture. Ce nest pas cher. Nous navons pas besoin de préparer les repas ni de faire le ménage. Le soir, je ne minquiète pas de la santé de mon mari. Sil se sent mal, je peux toujours appeler linfirmière. Nous vivons sans tracas », dit franchement Mme Ji, 68 ans. Bien que les deux vivent à la Maison du bonheur depuis trois ans seulement, Mme Ji, 68 ans, la considère déjà comme son chez soi. « Jaime cette résidence. Les infirmières viennent nous saluer matin et soir, mais elles ne nous dérangent jamais. Nous sortons librement, ce nest pas comme dautres foyers où toutes les portes sont verrouillées. Ici, les meubles ressemblent à ceux quon avait chez nous. Ils sont simples, pratiques et confortables, pas comme ceux dun hôtel », dit Mme Ji. Cette Maison pour personnes âgées a été financée et construite par la municipalité de Beijing. Actuellement, elle abrite 510 lits. Les travaux de la deuxième phase, qui seront bientôt achevés, fourniront 500 lits. Depuis 2002, le gouvernement municipal y a investi 66 millions de yuans en transformations. « Nous faisons tout notre possible pour que les personnes âgées se sentent comme chez elles », confie la directrice. Cette transformation comprenait la construction dune grande salle de loisirs, de petites salles de jeu et linstallation de systèmes durgence et de climatisation. Nous avons équipé les chambres de meubles convenables et de literie confortable. Nous avons aussi acheté de léquipement médical afin de répondre aux besoins essentiels des personnes âgées. Les conditions de vie et la qualité des services de cette résidence plaisent beaucoup aux gens. « Ça fait longtemps quon naccepte plus de réservations. Plus de 1 000 personnes âgées sont déjà inscrites à la liste dattente de notre résidence », affirme la directrice.
Les foyers privés
En plus des foyers pour personnes âgées
sous gestion publique, le gouvernement encourage également
les foyers du secteur privé. Pour la plupart des gens qui narrivent pas à trouver une place dans un foyer public, les foyers privés demeurent le seul choix. La mère de Mme Chen Yue souffre de la maladie dAlzheimer. Comme cette dernière travaille à temps plein et quil est difficile de trouver une personne capable de prendre soin de sa mère, elle a décidé de lenvoyer dans un foyer pour personnes âgées. Elle a donc visité tous les établissements de ce genre à Beijing. « Cest très difficile de trouver un lit dans un foyer public », dit-elle. Après avoir comparé minutieusement les différents foyers, elle en a finalement choisi un du secteur privé dont lenvironnement et les conditions sont relativement bons. « Les soins médicaux de ce foyer sont professionnels, mais le désavantage, cest quil est situé un peu loin de chez moi », confie Mme Chen. Le plus gros problème des foyers privés pour personnes âgées, cest la difficulté dy trouver des gériatres. « Si nous avons ouvert ce foyer en ville, où le prix des terrains est cher, cest que nous sommes tout près dun hôpital et quon peut consulter facilement un médecin », confie un responsable du foyer pour personnes âgées Xiying. Ce foyer, transformé en véritable hôtel, est confortable. « Nos prix sont un peu plus élevés que dautres foyers pour personnes âgées de Beijing. Un lit coûte 3 000 yuans par mois, y compris la pension. Le gouvernement diminue nos charges fiscales ou nous en exempte, et il nous verse même certaines subventions, mais notre foyer est encore défici-taire. Bien que nous disposions de 150 lits, nous accueillons seulement 30 personnes actuellement. Nous ne pouvons pas prendre soin de gens malades comme le font les foyers publics qui sont en mesure de fournir des services médicaux de concert avec des hôpitaux. Nous avons seulement des infirmières, fraîchement sorties de lécole et elles manquent dexpérience », avoue un gestion-naire de ce foyer. Passer ses vieux jours chez soi
Daprès une enquête effectuée en 2003 par le Centre chinois de recherche sur les personnes âgées, il y a 10 millions de personnes âgées de plus de 80 ans qui nécessitent des soins, mais parmi les personnes interrogées, 98 % comptent sur leurs propres moyens. À Beijing, les personnes âgées
acceptent désormais un nouveau mode de vie. Elles restent chez
elles au lieu de se regrouper dans un foyer pour personnes âgées.
Le comité du quartier leur fournit différents services.
Elles peuvent même prendre le déjeuner dans un restaurant
qui leur réserve quelques places. Le repas est bon et moins
cher. Ceux qui ont des difficultés à se déplacer
attendent quon leur apporte leur repas à la maison. En
se faisant aider par le Centre des travaux domestiques, ils peuvent
même trouver une femme de ménage. « Nous vivons
mieux ici quau foyer pour personnes âgées »,
affirme Mme Liu Huifang, 67 ans. « Jai visité quelques-uns
de ces foyers qui fournissent les mêmes services, mais chez
nous, nous sommes plus à laise et ça coûte
moins cher. Nous connaissons bien tous nos voisins et nous pouvons
nous entraider en cas de difficultés », déclare-t-elle.
Ce mode de vie deviendra probablement celui que choisiront les personnes
âgées dans lavenir.
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